Le terrible bras de fer entre les actionnaires de Volkswagen 

Le fabricant automobile Volkswagen se trouve dans une position fort inconfortable. Avec la formidable pression chinoise, ses voitures se vendent de moins en moins et le retard accumulé dans le domaine de l’électricité se creuse de plus en plus. Pendant que Berlin vit une transition politique à la française et une situation économique de récession, les actionnaires de VW ont des objectifs bien différents, loin de la pérennité à long terme du fleuron automobile allemand.

La direction prévoit de fermer plusieurs entreprises en Allemagne alors que les syndicats refusent cette alternative. Au coeur de cette confrontation, les coulisses des négociations permettent de mieux les comprendre. 

 

Les Syndicats ne veulent pas fermer les usines

Pour mémoire, la constellation VW comprend Volkswagen, Audi, Škoda Auto, Porsche et Seat. 

La direction de VW a plaidé pour la fermeture d'usines en Allemagne ainsi qu'une forte baisse des salaires en raison de la chute brutale de ses ventes en Europe et en Chine. Toutefois, le comité d'entreprise, qui contrôle la moitié des sièges au conseil d'administration, a promis aux travailleurs qu'aucune usine allemande ne serait fermée. 

Les représentants des travailleurs ont fait valoir que si les réductions de coûts pouvaient soutenir les marges bénéficiaires à court terme, elles ne permettraient guère de remédier à la baisse des ventes en Europe et en Chine, le marché le plus rentable de l'entreprise.

 

La famille Porsche-Piëch

Propriétaire majoritaire de Volkswagen, la famille milliardaire Porsche-Piëch, a adopté une position intransigeante en soutenant les projets de fermeture de plusieurs usines allemandes afin de pouvoir maintenir les dividendes et soutenir la valeur des actions. On va découvrir le pourquoi de cette position.

Le mois dernier, Wolfgang Porsche, le dirigeant de facto de la famille, a rejeté un compromis proposé par le comité d'entreprise et le syndicat, indiquant clairement "que toute autre chose qu'une action substantielle sur la rentabilité ne serait pas une solution." 

Dans les discussions, la famille Porsche-Piëch a indiqué qu'il était nécessaire de redimensionner l'entreprise afin de parvenir à une compétitivité à long terme

Il n'est pas surprenant que la famille Porsche-Piëch ait des priorités différentes de celles des autres membres du conseil de surveillance, en particulier du comité d'entreprise et de son allié, le Land de Basse-Saxe, qui détient20 % des droits de vote de VW. 

Porsche SE, dans les mains de la famille Porsche-Piëch a déjà subi le contrecoup de la crise chez VW. La semaine dernière, elle a averti que l'incertitude qui règne au sein du constructeur automobile et l'absence de données de planification financière pourraient l'obliger à réduire sa participation dans VW de 20 milliards d'euros, soit près de 40%. 

La famille est également confrontée au risque d'une baisse des dividendes de VW, qui se sont élevés à €1,4 milliard en 2023, alors que Porsche SE est endettée à hauteur de €5,1 milliards. La holding a emprunté massivement en 2022 pour acheter une participation avec droit de vote de 25% dans le constructeur de voitures de sport Porsche AG, ce qui a permis à la famille de reprendre le contrôle direct de l'entreprise Porsche fondée par ses ancêtres.

Le plan consistait à financer les paiements d'intérêts et à se désendetter grâce aux dividendes de Porsche et de VW, selon Daniel Schwarz, analyste chez Stifel. Il a ajouté que les membres les plus riches de la famille ont investi la majeure partie de leur fortune dans cette seule entreprise. Qu’il est paradoxal de voir une famille aussi riche mettre tous ses œufs dans le même panier. 

Ainsi, la famille Porsche-Piëch a peur de perdre sa fortune suite une stratégie de placement hautement risqué. Pour la garder, elle préfère ainsi licencier de nombreux employés d'où le combat des syndicats.

 

Le gouvernement allemand vient de tomber 

Mais le combat de la famille Porsche contre les ouvriers du constructeur automobile comporte d'autres risques.

Le chancelier Olaf Scholz a été mis en échec et va convoquer des élections anticipées en février 2025 où il devra certainement remettre sa démission.

Le plan de suppression de dizaines de milliers d'emplois chez VW se heurte à d'importantes critiques politiques.

Un nombre croissant de politiques, dont le chancelier Olaf Scholz, se sont prononcés contre les fermetures d'usines avec des dizaines de milliers de chômeurs. En Allemagne, le secteur automobile compte plus de 1,5 millions d'emplois.

Certains politiciens ont affirmé que VW ne devrait pas verser de dividendes du tout et le syndicat a déclaré que VW devrait envisager un ratio de distribution plus faible, a déclaré Daniel Schwarz. Cette option met en danger la situation économique de la famille Porsche.

À l'approche des élections, il est également peu probable que l'État de Basse-Saxe, qui a tendance à soutenir l'emploi, se retourne contre le comité d'entreprise en ce qui concerne les fermetures d'usines.

Reste à savoir quel est le potentiel de Volkswagen a concurrencer les entreprises chinoises dont les produits deviennent technologiquement plus avancées avec des prix bien inférieurs.

 

Source : Patricia Nilsson, Financial Times

 

 

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