Les Electro-Etats vont-ils remplacer les Petro-Etats ?

L’économie mondiale semble effectuer une transition du pétrole et du gaz-méthane vers l’électricité. A terme, les pétro-Etats pourraient se muter en électro-Etats pour deux raisons majeures. Les piètres performances énergétiques des moteurs thermiques, notamment pour les transports, ainsi que les limites géologiques des hydrocarbures ne pourront pas garantir la croissance économique dans les années à venir.

De plus, une solide puissance armée sera un prérequis pour se réserver un accès direct au pétrole ou au méthane. La sortie du pétrole poussera les autres pays vers l'électrique. On peut comprendre l'empressement de l'Europe de rajouter des muscles pour ne pas rester sur le carreau.

 

Chine - Etats-Unis - Europe

Cependant, l’électrification de l’économie n’est pas sans risque.

Fin avril, l’Espagne et le Portugal ont subi un blackout qui a fait office d’électrochoc.

Contrairement à une panne de pétrole qui peut se gérer sur plusieurs semaines, une panne d’électricité paralyse instantanément un pays. Dans le contexte actuel de changements géopolitiques majeurs, il est fascinant d’observer les stratégies des trois grands acteurs – Chine, Etats-Unis et Europe.

 

L'Europe de la finance

La grande force du réseau européen, c’est son interconnexion entre les pays, qui se résume à «un pour tous, tous pour un ».

La réalité du terrain est cependant moins rose. Le système électrique imposé par Bruxelles a été pensé par le monde de la finance, les grandes banques ainsi que les entreprises de consulting comme McKinsey, très prisées par Ursula von der Layen et Emmanuel Macron.

L’objectif premier n’est pas d’obtenir une résilience du réseau et des tarifs avantageux pour les citoyens, mais de transférer les flux d’argent vers les financiers.

Ainsi le démantèlement des électriciens, particulièrement en Angleterre et en Allemagne, a conduit à une cartellisation des grands producteurs et des tarifs élevés. De leur côté, les distributeurs d'électricité, en contact direct avec les clients, sont proprement détroussés de leur argent via les prix négatif qui apparaissent de plus en plus souvent avec le solaire.

De plus, vidées de leurs substances financières par les dividendes aux actionnaires, les autoroutes de transport d’électricité souffrent de sous-investissements. Leur vétusté peine à accommoder les énergies renouvelables. L’économie européenne est électrisée à 22% alors que ses industries quittent le vieux continent.

 

La Chine des ingénieurs

Depuis la crise de 2008, la Chine s'est  lancée dans un programme d’électrification de son économie. Aujourd’hui elle domine le solaire, l’éolien, les batteries, les voitures, le nucléaire ainsi que les minerais comme le lithium, l’uranium ou les terres rares.

Ainsi, 30% de l’énergie utilisée dans le pays est électrique. C'est une prouesse, car l'économie chinoise comprend une grande part d'industrie qui continuent de consommer du méthane ou du diesel. 

En 2025, ce sont 240 gigawatts de solaire qui viendront s’ajouter, soit plus du tiers des installations au niveau mondial. Cette quantité ferait exploser les systèmes européens ou américains. Mais en Chine, le réseau électrique a été pensé par des ingénieurs dont l’objectif est d’éviter les pannes et les blackouts.

Ainsi, des systèmes de délestage et du stockage ont été mis au point pour accueillir les nouvelles énergies. Les surplus, qui atteignent parfois 40%, sont inutilisés. Ces gaspillages se résorberont dans les années à venir. Certainement le prix à payer pour passer à une échelle supérieure.

 

L'état de délabrement des infrastructures Américaines

Enfin du côté des Etats-Unis, les infrastructures souffrent de sous-investissements chroniques, des routes, aux réseaux d’eau ou à l’électricité.

Depuis des décennies les présidents ont porté le choix de donner la priorité financière à l'armée. Les besoins sociaux et d'infrastructures sont relégués à des jours meilleurs.

Les réseaux électriques se limitent souvent à un seul Etat, même si l’interconnexion grandit. Ainsi, le pays est immunisé contre un blackout généralisé.

Cependant, la vétusté des installations et leur capacité d’intégration limitée peinent à accommoder les nouvelles énergies. On comprend ainsi les raccourcis proposés par le président américain, en supprimant toutes les aides au solaire ou à l’éolien. On comprend également l'empressement des Microsoft, Meta ou Amazon de racheter directement des unités de productions situées à proximité de leurs data centers. 

La puissance militaire permettra au pays de garder un accès au pétrole et au méthane, notamment au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Aux Etats-Unis, l’électricité représente plus de 20% de la production d'énergie.

 

Qui sortira vainqueur ?

Trois régions avec trois conceptions différentes de l’économie de demain et de la place de l’électricité.

Il reste pourtant des questions sans réponses, notamment en cas de rupture du système ou de pannes paralysantes. Tout l’enjeu sera de maîtriser leur stratégie dans toutes les circonstances comme des attaques informatiques, les épisodes climatiques virulents ou une guerre.

Une de ces trois régions sortira vainqueur, laquelle?

 

Article publié dans le journal Le Temps. Cette version est plus complète

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