Avec le désordre international, comment se partager le pétrole ?
Les deux meurtrières guerres mondiales auront laissé la place à un nouvel ordre mondial voulu moins sanguinaire. Bien que l’art de guerre soit dévastateur, sous l’égide de l’ONU, des règles de bienséances ont plus ou moins jalonnés les conflits occidentaux depuis 1945, tant au niveau des prisonniers que du respect des populations civiles et les enfants ou de la place réservées aux organisations neutres comme la Croix-Rouge.
Le droit international
Le droit international a également facilité les échanges commerciaux au point qu’il est devenu économiquement fastidieux pour un pays de vivre en autarcie. La difficulté de la Maison Blanche à imposer des tarifs témoigne de cette donne.
Dans ce système d’échanges et de marchés, le pétrole et le gaz-méthane auront participé à une élévation inégalée du niveau de vie sur la planète, à réduire les famines et à démultiplier les avancées technologiques.
Ce modus vivendi aura vécu quelques décennies. Alors que les dirigeants évitaient de s’en prendre aux civils, aux enfants, aux infrastructures critiques comme l’eau, l’électricité, des installations d’extractions pétrolières où des centrales nucléaires, ils deviennent aujourd’hui des cibles privilégiées. L’usage de la force brute et d’une puissance aveugle, sans respect de l’ordre international, devient une doctrine dominante, d’autant qu’aujourd’hui le nombre d’autocraties dépasse celui des démocraties.
Le nombre d’autocraties dépasse celui des démocraties.
L’histoire devra confirmer que la genèse du bouleversement actuel provient de la disparition de l’Union Soviétique et de la guerre froide. Sans contre-poids face aux Etats-Unis, l’utilisation de cette puissance totale fut utilisée dès 2003 par Georges Bush Junior en Irak.
Le prétexte des armes de destructions massives permit la destitution de Saddam Hussein mais détruisit la quasi-totalité du pays. L’accès exclusif aux gigantesques réserves pétrolières et gazières était à ce prix. L’arrivée inattendue du pétrole de schiste américain détourna l’enthousiasme de Washington qui abandonna sans remords les ruines de Bagdad. Ironie de l’histoire, depuis la Chine est devenue la plus grande bénéficiaire du pétrole irakien.
Entre robots et drones tueurs et les hydrocarbures
Aujourd’hui, le concept de puissance militaire totale fait recette auprès des régimes autoritaires et inspire les de plus en plus des démocraties. Les évènements et les agissements tant en Ukraine, au Liban, à Gaza, en Israël ou en Iran démontrent des carnages qui rappellent le Moyen-Age ou les croisades. Peut-être que la diminution du poids de l’Europe sur la scène internationale participe à l’extinction «des Lumières».
Dans ce contexte, deux paramètres vont jouer des rôles clés. Premièrement, la programmation des robots et de l’intelligence artificielle. Le financement et l’approvisionnement en énergie de ces technologies deviennent incontournables. Influencé par création d’une puissance militaire maximale, les robots et les drones biberonnés dans cette doctrine deviendront des tueurs redoutés. De son côté, la maîtrise de l’intelligence artificielle permettra d’imposer sa vérité et de contrôler les foules.
Deuxièmement, dans un monde où l’ordre international disparait, le partage des ressources pétrolières et gazières a le potentiel de déclencher de violents séismes entre les pays. Il n’y a actuellement aucun substitut à ces deux hydrocarbures essentiels à notre Economie. Alors que le pétrole de schiste américain montre des signes d’essoufflement, il ne faudra pas attendre très longtemps pour que la Maison Blanche se précipite, partout dans le monde, sur des gisements qui lui permettront de maintenir sa suprématie. Sa démonstration de domination militaire en Iran vient d’instaurer de nouvelles limites qui vont servir d’étalon à la Chine.
Qui va se réserver le pétrole ?
A l’image des BRICS, des alliances entre les pays extracteurs de pétrole et les pays protecteurs vont s’intensifier. L’échange de pétrole contre des armes, pourquoi pas nucléaires, pourrait voir le jour. A ce stade rien ne peut être écarté.
Dans l’immédiat, à qui le pétrole et le gaz iranien vont-t-ils appartenir ?
La réponse n’a jamais été aussi brûlante.
Article publié dans le journal Le Temps