Les Toujours plus Gourmands Producteurs de Pétrole
Alors qu’ils exportent la plus grande partie de leur pétrole, les membres de l’OPEP ont, durant les 10 dernières années, considérablement augmenté leur propre consommation d’or noir. En comparaison, cette augmentation est deux fois plus élevée que la moyenne mondiale.
Si nous incluons le Mexique et la Russie, les membres de l’OPEP consomment 14,5 millions de barils par jour soit le 18% de la demande mondiale (sur une production de 85 millions de barils) où pour mettre en perspective l’importance de ce chiffre, deux fois la consommation chinoise.
En toute logique, plus ces pays consomment leur propre pétrole, moins ils ont la possibilité d’en mettre à disposition pour les autres pays.
Leur chance réside dans l’augmentation des prix du baril qui a été multiplié par 4 durant les 10 dernières. Ainsi leur business modèle réside sur l’opportunité d’exporter moins de barils mais à un prix qui compense largement cette diminution.
Mais pourquoi les pays producteurs consomment de plus en plus leur pétrole?
Allez faire un tour au Moyen-Orient, au Venezuela ou en Libye et vous comprendrez. Là bas, vous pourrez faire le plein pour trois fois rien car le litre dépasse à peine les 10 centimes d’euro alors que la même essence, sorti du même baril, fluctuera au prix du marché en occident. En France pour 1 litre, vous débourserez 1,5 euro TT avec un baril à 147$ (record à battre).
L’un des meilleur symbole du gaspillage de l’or noir s’illustre par Ski Dubai. Cette énorme halle couverte, qui permet de skier au milieu du désert, illustre parfaitement le propos. Un jour de production de neige consomme autant de carburant qu’un automobiliste américain moyen pendant 1 mois.
Mais la plus grande consommation de pétrole des Emirats Arabes Unis est causée par la désalinisation de l’eau. Par année, les saoudiens consomment jusqu’à 15 fois plus d’eau que leur production naturelle.
Ils ont également besoin de plus en plus de vapeur d’eau nécessaire à extraire le pétrole. Plus les puits s’épuisent, plus il faut injecter de la vapeur d’eau pour faire remonter le pétrole. Selon certains experts, mais ce chiffre n’est pas divulgué officiellement par les producteurs, pour extraire 100 litres de pétrole, 30 litres d’eau sont injectés dans le sol.
Les saoudiens peuvent compter sur un litre de pétrole à 7 centimes pour faire tourner leurs centrales électriques. Plus de la moitié de leur électricité est produite à base de pétrole. Autre atout imbattable, ce tarif ne change pas même si le baril fluctue de 50 à 150$.
Il n’est pas étonnant que l’Arabie Saoudite soit le pays qui émet le plus de CO2 par habitant et qui s’est le plus violemment opposé à tout accord à Copenhague.
Le fait de sous évaluer la valeur réelle d’une matière première mène tout naturellement à son gaspillage. Ce n’est pas un cas unique. L’énergie nucléaire suit exactement le même principe. Imaginez que tous les coûts des déchets, de la déconstruction et l’assainissement des vieilles centrales, de la recherche et développement et que les subsides étatiques soient supprimés, nul doute que les chauffages électriques de votre habitation seraient utilisés avec une plus grande parcimonie.
Un Future bien Présent
Mais la manière dont les pays producteurs consomment leur pétrole ne nous regarde pas. Ils sont libres de faire ce qu’ils en veulent et même de cesser toute livraison quand bon leur semble.
La prochaine fois que vous irez faire le plein de votre voiture, essayez d’imaginer d’où votre essence proviendra au future. Il y a des chances qu’elle ne vienne plus d’un pays de l’OPEP et il y a des chances qu’elle ne sera pas très bon marché.
Le temps d'écrire cet article et le baril atteint les 83$.
Par Laurent Horvath et l'aide de Jeff Rubin
Vidéo: Ski Dubai