Quand la solution devient plus cher que le problème

Milton, Helene, Beryl, Boris, Kong-rey, Kirk… Ces noms résonnent pour les assureurs et les pays comme des gouffres à milliards, causés en l’espace de quelques heures par des inondations et des intempéries extrêmes.

L’Europe, l’Asie et le nord de l’Amérique, aucun territoire n’est à l’abri. Ces événements mettent en question la viabilité et la pérennité des régions touchées au hasard des vents. Si le nombre de morts reste pour l’instant supportable par la communauté, les coûts financiers explosent et la quantité d’hydrocarbures et d’électricité nécessaires à la remise en état grimpe de manière exponentielle. 

 

Du pétrole et de l'argent

Pour financer la reconstruction, les Etats, souvent déjà noyés sous les dettes, comme l’Espagne, la France, l’Italie ou les Etats-Unis, voient leur fardeau s’alourdir. Combien de temps aurons-nous assez de pétrole et d’argent pour nous battre comme Don Quichotte face à ses moulins à vent?

Les trombes d’eau sont de plus en plus considérables avec plus de 500 litres d’eau au mètre carré en huit heures, comme à Valence.

Devant pareille vague, la priorité reste de sauver les habitants. Les immeubles et les routes retrouveront une nouvelle vie, même si les factures deviennent abyssales. L’Espagne estime à 17 milliards d’euros le coût du passage de sa «goutte froide».

L’ouragan Helene, qui a traversé la Floride en moins de vingt-quatre heures, fut le deuxième plus meurtrier aux Etats-Unis. Les dégâts sont estimés à 53 milliards d’euros. En Europe centrale, Boris coûtera 2,1 milliards.

 


Une débauche d’énergie pour revenir à la normale

Mais, au-delà de l’argent, un autre facteur se révèle tout aussi prépondérant. Les efforts de remise en état nécessitent une quantité d’énergie substantielle. Valence sert d’exemple. Les milliers de volontaires n’auront pu qu’effleurer la tâche gigantesque de nettoyage et d’un retour à la vie comme avant l’événement. La visite chahutée du roi Felipe VI et du premier ministre Pedro Sanchez a souligné le manque d’énergie insufflée dans le système.

 

 

Malgré la bonne volonté des habitants, le déblaiement des rues, le retrait de plus de 125'000 carcasses de voitures, le pompage de l’eau et le nettoyage auront dû attendre l’arrivée de pompes, de pelles mécaniques, de camions, tous propulsés au diesel. En effet, une seule machine de chantier remplace l’énergie de 10'000 paires de bras au même instant. Ainsi, en quelques jours, plusieurs millions de personnes virtuelles générées par le pétrole se sont mises en activité. Les résultats ont été immédiats.

 

Les éléments clés : Béton, Acier, Plastique = Pétrole = Augmentation du PIB

A Valence, en Floride, au Japon, des millions de litres d’hydrocarbures et des montagnes d’électricité seront aussi réquisitionnés pour fabriquer le ciment, l’acier et le plastique qui remplaceront les infrastructures endommagées ou détruites.

Etant donné la monstruosité des dégâts, les nouveaux ouvrages de protection atteindront des tailles pharaoniques. En d’autres mots, une débauche d’énergie toujours plus grande pour des résultats incertains.

Pour qu’un pays puisse couvrir ces coûts et faire face à cette demande calorifique gigantesque, il est dans l’obligation de créer des excédents financiers ou énergétiques. A défaut, il devra augmenter ses recettes ou ses dettes. Contrairement aux énergies renouvelables, le pétrole et le gaz sont les deux seuls éléments qui permettent de générer des excédents financiers et énergétiques capables de répondre à l’ampleur de ces nouveaux défis. Cependant, la configuration européenne actuelle montre une difficulté d’accès à la dette ou à l'équilibre des budgets.

 

Moins d'énergie à disposition...

Du côté du diesel, la qualité la plus noble du pétrole, les quantités restantes ne sont pas inépuisables. Dans les années à venir, trouverons-nous un suppléant aussi puissant et bon marché pour alimenter nos machines ou pour fabriquer l’acier et le béton ?

Nous avons traversé une période d’abondance où peu de limites ont été fixées pour reconstruire toujours mieux qu’avant. Il devient de plus en plus évident qu’à terme, la solution ne pourra plus coûter plus cher que le problème.

Dans les pesées d’intérêts et des règles du jeu qui restent à définir, il est évident que des territoires devront être abandonnés et cela, même dans les pays les plus riches.

 

Article publié dans le journal Le Temps

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