Pétrole: La lourde Chute des bénéfices des majors inquiète

Les résultats des principales majors pétrolières sont en baisse et le dernier trimestre 2013 a été catastrophique. En effet, l'explosion des coûts d'exploitation ont lourdement pesé sur les bilans. Malgré les 120 milliards de $ investi dans l'exploration de nouveaux champs Chevron Corp., Exxon Mobil Corp. et la Royal Dutch Shell ont vu leur production reculer l'année dernière. Ces majors représentent le 10% de la production mondiale. Si cette tendance marquée depuis 2011 continue, elle pourrait bien indiquer les prémices du peak oil.

Bien que les bénéfices des majors se comptent toujours en dizaine de milliards $, la tendance est claire: les bons puits laissent la place à des champs pétroliers toujours plus difficile à atteindre. La bulle spéculative sur les forages de schiste n'apporte aucune détente sur l'offre. Voyons les chiffres:

Chevron

L'américain Chevron a vu son bénéfice net reculer de 18% à 21,4 milliards de dollars en 2013, et même chuter de 32% à 4,9 milliards de dollars au quatrième trimestre. Le groupe s'attend à une augmentation marginale de sa production en 2014: elle devrait atteindre en moyenne 2,61 millions de barils. Son CEO John Watson compte dès 2015 sur les gaz de schiste américains pour augmenter sa production. Paradoxalement, John Watson a souligné qu'une modeste montée en puissance sur certains gisements de schiste ou de gaz naturel liquéfié serait annulée en grande partie par des déclins sur des sites plus anciens.


Evolution des coûts d'exploitation 2009-2013
Source The Wall Street Journal

 

Shell

L'an dernier, le bénéfice net du groupe a chuté de 39% à 16,371 milliards de dollars. Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net s'est littéralement effondré de 74% à 1,781 milliard.

Afin de redresser la barre et sous pression financière des actionnaires, le tout nouveau CEO Ben van Beurden a promis que Shell allait céder 15 milliards de dollars d'actifs en 2014 et 2015 et réduire ses investissements cette année à 37 milliards de dollars contre 46 milliards l'an dernier. Shell a déjà débuté par l'abandon de 2 milliards $ dans des projets de pétrole de schiste ainsi que des forages dans l'arctique. Le géant hollandais a également annoncé la cession de ses participations dans un projet de gaz naturel liquéfié (GNL) et dans un gisement en Australie pour 1,135 milliard de dollars et la vente d'une part de 23% du gisement brésilien Parque das Conchas (BC-10) pour environ un milliard de dollars.

 

ExxonMobil

Le numéro un américain de l'énergie empoche 32,6 milliards $ de bénéfice ce qui aurait de quoi faire péter le champagne, mais en comparaison avec 2012, la baisse est de 27%.  Le chiffre d'affaires recule de 9% à 438,25 milliards $.

Sur l'ensemble de l'année écoulée la production en équivalent pétrole a reculé de 1,5%, une hausse de la production de pétrole et liquides ayant été éclipsée par le recul de celle de gaz, en raison de cessions et d'un déclin de la production des champs matures.

Pour le quatrième trimestre 2013, le bénéfice a reculé de 16% à 8,35 milliards $ et le chiffre d'affaires baisse de 3%. Chiffre intéressant, la production a reculé de 1,8%.


Rosneft

De l'autre côté de la planète, le russe Rosneft annonce un bénéfice net record en 2013 à 11,5 milliards d'euros. Mais je vous rassure, il ne s'agit pas d'une augmentation de production, mais de l'acquisition de son concurrent TNK-BP, qui a dopé son chiffre d'affaires et sa production.

Le bénéfice net du groupe contrôlé par l'Etat a bondi de 51% à 551 milliards de roubles, soit 11,5 milliards d'euros.

Son chiffre d'affaires a augmenté de 52% à 4.694 milliards de roubles (98 milliards d'euros), pour un excédent brut d'exploitation en hausse de 53,2% à 947 milliards de roubles (20 milliards d'euros).

Sous la houlette de M. Setchine, le groupe s'est lancé dans une vague spectaculaire d'acquisitions mais a multiplié les partenariats avec ses principaux concurrents occidentaux. L'objectif est de lancer de nouveaux projets coûteux et complexes sur le plan technologique, en Sibérie ou dans l'Arctique. Nul doute que ses frais vont suivre la même courbe que nos amis américains.

 

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