Pétrole Bitumineux: Le Canada menace l'Europe
L'important lobbying des pétroliers Canadiens sur les représentants des 27 États de l'Union Européenne a fonctionné. Une directive adoptée en 2008 sur la qualité des carburants (pour empêcher les carburants les plus polluants, tels que ceux issus des sables bitumineux et des huiles de schistes, d'entrer en Europe, n'a pas été reconduite.
La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni se sont abstenus sous la pression du Canada. L'Italie et l'Espagne ont voté contre le projet. La décision finale a été renvoyée au Conseil de l'environnement qui se réunira en juin 2012. En réalité, le Canada ne vend pas son pétrole sale en Europe. Mais une interdiction européenne pourrait ternir l'image de l'industrie et influencer les USA et la Chine gourmande du pétrole de l'Alberta.
Le Canada s'est « réjoui » du résultat, tout en réitérant ses menaces de traîner l'Union européenne devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) si elle venait à « discriminer » le pétrole issu des sables bitumineux, produit en Alberta.
Engagés dans les négociations d'un Accord économique commercial global (AECG), le Canada et l'Union Européenne multiplient les intimidations et interpellations croisées pour obtenir un accord de libre-échange qui soit le plus favorable possible pour leurs secteurs économiques et financiers respectifs.
Dans le cadre de cette négociation, le Canada a plusieurs fois laissés entendre qu'il n'ouvrirait ses marchés intérieurs qu'à condition que le pétrole issu des sables bitumineux puisse être exporté en Europe.
En retour, cet accord permettrait d'intensifier les investissements directs des entreprises pétrolières européennes, comme Total, Shell, BP, Statoil, dans l'exploitation des sables bitumineux.
Allié aux lobbies pétroliers, la diplomatie canadienne s'active donc depuis des mois, en multipliant les rencontres et évènements auprès des institutions européennes, pour empêcher toute restriction, limitation, encadrement de l'importation ce pétrole de la part de l'Union Européenne.
"Le gouvernement canadien est manifestement arrivé à ses fins, bien aidé par le peu d'entrain des pays Européens à prendre des mesures réellement contraignantes en matière environnementale" a estimé l'organisation Attac France. Ce dernier exige "des gouvernements des pays Européens qu'ils empêchent toute importation de ce pétrole sale en Europe".
Ainsi, ils feraient d'une pierre deux coups : "étrangler de l'extérieur l'industrie des sables bitumineux, l'une des plus dévastatrices qui existe ; stopper les négociations de ce nouvel Accord économique commercial global entre l'UE et le Canada qui va à l'encontre des intérêts des populations."