USA: Faire Chuter les prix du pétrole et la Russie

Le pétrole représentait la principale source de revenus de l'ancienne URSS. La forte baisse du baril de pétrole orchestrée par les USA et l'Arabie avaient réussi à mettre un terme à cet empire à court d'argent. Le baril touchait les 20$. Aujourd'hui, parmi les sanctions contre la Russie, la plus sévère pourrait être la vente d’une partie des réserves américaines stratégiques de pétrole sur le marché mondial. Cette démarche pourrait entraîner la chute du cours pétrolier et affecter directement la Russie, dans la mesure où le baril doit coûter au moins 100 dollars pour que son budget reste équilibré.

Cependant, cette stratégie, toute théorique, risque de mettre en péril d'autres producteurs comme l'Arabie Saoudite. Coïncidence du calendrier, c'est là que le Président Obama a séjourné la semaine dernière.

Cette réaction pétrolière suite aux actions du président Vladimir Poutine a été mentionnée pour la première fois début mars par l'économiste américain Philip Verleger, collaborateur de la Maison blanche et du département du Trésor américain dans les années 1970. Le 3 mars 2014, Verleger souligna que les Etats-Unis disposaient d'un puissant levier de pression sur la Russie : la réserve stratégique de pétrole (RSP), soit près de 700 millions de barils de pétrole dont l'importance pour la sécurité nationale des USA n'est plus cruciale en raison de l’exploitation prochaine du pétrole de schiste en quantité importante aux Etats-Unis. "Les USA pourraient, sans aucune dépense directe, faire baisser le cours pétrolier et infliger un sérieux préjudice à la Russie et à l'oligarchie russe en vendant le pétrole de sa RSP".

 

Un premier test réalisé à la mi-mars

Selon les estimations de Philip Verleger, si en 2013 les Etats-Unis avaient vendu chaque jour 500'000 de barils de la RSP, le cours du pétrole Brent (associé au pétrole russe Urals) aurait été inférieur de 12 dollars à la fin de l'année. D'après l'expert, une baisse du tarif pétrolier de 10 dollars le baril équivaut à la réduction des revenus d'exportations de la Russie de 40 milliards de dollars. "Le PIB russe aurait pu chuter de 4%", affirme Philip Verleger. Il précise que la moitié de ces pertes aurait été liée à la diminution des tarifs du gaz exporté : les contrats à long terme de Gazprom avec les acheteurs européens sont associés aux prix du pétrole et des produits pétroliers.

Mi-mars, les Etats-Unis ont décidé de tester la proposition de Verleger en débloquant la RSP pour la première fois en 2 ans et demi : le département de l'Energie américain a annoncé la vente de 5 millions de barils. Le département affirmait que cette mesure n'était qu'une vérification de l'opérationnalité du système en cas de perturbations imprévues des fournitures sur le marché intérieur. Mais beaucoup d'acteurs l’ont perçu comme un avertissement pour Moscou.

Le département de l'Energie américain a précisé qu'il vendait alors 5 millions de barils de "pétrole sulfuré", l'équivalent du pétrole russe Urals. 5 millions de barils sont une goutte d'eau dans l'océan pour le marché mondial (cette quantité est consommée dans le monde en 1 heure et demie). Cependant, le marché a réagi à ce signal : les contrats à terme de Brent ont perdu 53 cents et sont descendus jusqu'à 108,02 dollars le jour du déblocage de la RSP.

La dernière vente "test" de pétrole de la RSP date d'août 1990 – immédiatement après l'invasion de l'Irak au Koweït et à quelques mois des opérations militaires des Etats-Unis en Irak. En juin 2011, les USA ont injecté sur le marché 30,6 millions de barils de la RSP en coordination avec l'Agence internationale de l'Energie (AIE) afin de compenser la diminution de la production pétrolière en Libye en raison de la guerre civile.

Philip Verleger a déclaré qu'il ne voyait aucun lien direct entre la vente "test" du pétrole de la RSP et les événements en Ukraine. Mais il a insinué que le moment aurait pu ne pas être choisi au hasard. "Il nous a fallu attendre plus de 23 ans pour entendre parler de la seconde vente "test", et il s'avère qu'elle a coïncidé avec la visite du nouveau premier ministre ukrainien à la Maison blanche", remarque Philip Verleger.

Avec Ria Novosti

 

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