Irak: Les combats du Pétrole à la raffinerie de Baïdji
Le nerf de la guerre dans les plaines irakiennes? Le pétrole! Les membres du ISIL (Islamic State in Iraq and Syria) le savent bien et ils ont tenté de prendre la plus grande raffinerie irakienne située Baïdji sur la route entre Mossoul et Tikrit. Baïji couvre 40% de la consommation irakienne et surtout la quasi totalité des besoin de la capitale Bagdad à 200 km de là. Prendre possession de cette raffinerie, c'est contrôler les mouvements armés de l'adversaire et le menacer d'être à court de carburant.
Dans le sud du pays, pour l'instant tout à l'air calme mais les compagnies pétrolières (chinoises, russes et américaines) sont prêtes à rapatrier leurs employés et cesser toute activité.
Durant l'invasion américaine dès 2003, le secteur pétrolier avait souvent été épargné par les attaques, mais aujourd'hui le pétrole et surtout les pétrodollars sont devenus un enjeu stratégique majeur. Posséder ces territoires permet l'indépendance économique et se détacher de Badgad.
Ci-dessous, vous trouvez les positions actuelles des membres du ISIL.
La Chine en Attente
La Chine, qui compte plus de 10 000 employés, majoritairement sur les sites pétroliers dans des zones chiites du Sud, a préparé des plans d'évacuations au cas où les violences se propageraient à l'ensemble de l'Irak. La production des quatre champs pétrolifères contrôlés par PetroChina n'a pour l'instant pas été affectée.
Par dessous tout, la Chine craint la prise d'otages et les demandes de rançons. Ca ressemble furieusement à un procès aux USA, c'est souvent le jackpot!
L'Agence Internationale de l'Energie (IEA) compte sur l'Irak
Sur les marchés pétroliers, l'Irak joue un rôle essentiel. Les puits ont été fortement soulagés pendant plus de dix ans et pendant que les puits iraniens se tarissaient et ne bénéficiaient plus de la technologie de pointe, le monde occidental compte aujourd'hui sur ce pétrole, bon marché, pour combler la baisse de production mondiale. En 2020, selon les meilleurs scénarios, la production irakienne devrait atteindre les 5,8 millions de barils par jour, dont une grande partie engloutie par la Chine.
On peut voir sur le graphique ci-dessous, que la production pétrolière irakienne est revenue
à des niveaux de production comparable aux années de Saddam Hussein.
Cette manne a été utilisée pour compenser les baisses de la Libye, du Nigéria, de l'Egypte etc. Même sans la tempête actuelle, l'Agence Internationale de l'Energie prévoit que dès septembre, il manquera 900'000 barils/jour pour alimenter les marchés et répondre à la demande. Là, nous sommes vraiment dans un scénario catastrophe.
Bien que l'Irak soit membre de l'OPEP, le pays n'est pas soumis aux quotas du cartel. C'est grâce à cette production importante et nouvelle, que le pétrole a échappé à une flambée sur les marchés depuis 2010.
Les membres du ISIL ont pris la maîtrise du nord du pays, mais c'est dans les champs pétrolifères du sud que se trouvent le véritable trésor pétrolier.
Depuis quelques semaine, les exportations Kurdes (Kirkuk au nord du pays) ont été totalement fermées à cause de l'explosion du pipeline vers la Turquie. Pas moyen de le réparer, sous peine de mort. Par contre, par miracle et par magie, c'est le calme plat dans le sud du pays et les champs de Basrah.
Si le Sud devait également entrer dans cette spirale, il est évident que les cours du pétrole prendront l'ascenseur. Nous en sommes à 114$ le baril à Londres et 106$ à New York.