Le pétrole se trouve dans une grande incertitude

Tandis que les Etats-Unis et la Chine sont engagés dans une course à l’armement et aux technologies intelligentes, l’Europe voudrait débloquer plus de 800 milliards d’euros pour maintenir son secteur industriel militaire et sauver des emplois. Cette stratégie, qui doit encore être financée, compte sur une augmentation de la croissance ainsi qu’une consommation accrue de pétrole et de gaz pour fabriquer et faire fonctionner cet arsenal.

Cela tombe bien car le monde des hydrocarbures est en ébullition avec l’arrêt quasi général par les compagnies pétrolières privées comme BP ou Shell de leurs projets d’énergies renouvelables. Leur objectif est d’optimiser leurs bénéfices en maximalisant les extractions.

 

L'OPEP+ va remettre graduellement des barils sur les marchés

De son côté, l’OPEP +, l’organisation des pays exportateurs de pétrole et des pays partenaires tels que la Russie et le Kazakhstan, vient de décider de recommencer, graduellement, à remettre de nouveaux barils sur les marchés et diminuer les réductions volontaires d’extraction, qui étaient en vigueur depuis octobre 2023. Ainsi, un peu plus de 100'000 barils par jour devraient trouver les marchés d'ici à la fin mars. 

 Cette décision a pris tout le monde de court, car pour maintenir les prix du baril dans une fourchette de 70 à 80 dollars, le cartel avait réduit volontairement ses extractions de 350 millions de litres par jour.

 


L'extraction arrive à un plateau aux Etats-Unis

Pour comprendre ce retournement de situation, il est nécessaire de scruter les coulisses du monde – fascinant – de l’énergie car l’essentiel se passe en dehors du cirque politico-médiatique actuel et de l’effervescence des réseaux sociaux. L’agitation télévisuelle des Trump et des Macron sert principalement à donner du pain et des jeux à leurs électeurs respectifs, mais les enjeux géopolitiques réels sont traités loin des projecteurs.

Ainsi malgré la morosité économique, l’OPEP +estime que la demande mondiale de pétrole va augmenter de 1,3 million de barils par jour en 2025. De son côté, l'U.S. Energy Information Administration (EIA), connue pour soutenir les hydrocarbures, alerte sur l’arrivée à un plateau pour l’extraction du pétrole et du gaz de schiste américains d’ici à 2026.

Si les USA, le plus grand producteur mondial de pétrole devait réduire sa production pour des raisons géologiques, l’OPEP+ devrait combler ce déficit pour éviter une explosion des prix. Pour l'instant, le pays extrait 13,1 millions de barils par jour dont 6 proviennent des gisements de schiste. 

La décision des pays exportateurs pourrait être interprétée comme une fleur du cartel en direction de Donald Trump avec l’objectif de faire descendre les prix assez bas pour réduire l’inflation, tout en les maintenant assez haut pour ne pas pénaliser les pétroliers américains.

 

Remettre les membres sur les rails

Mais même si l'OPEP n’ignore pas les signaux de la Maison-Blanche, la cause principale de ce revirement est à chercher à l’interne.

L’Arabie saoudite porte la plus grande partie de la réduction des extractions (2 millions de b/j) alors que l’Irak, la Russie et le Kazakhstan dépassent leurs quotas de plus de 3 millions de barils par jour. Le changement américain augmente la pression sur les membres qui ne respectent pas leurs engagements. D'ailleurs dans le communiqué de presse de l'OPEP+, une bonne partie relate l'envie des membres de faire respecter les quotas.

Si la Russie entrevoit la fin de la guerre, l'urgence de ses besoins financiers pourraient diminuer un peu et permettre de revenir dans les quotas. 

 

Iran, Chine, Russie, Etats-Unis

De plus, après avoir bloqué les extractions du Venezuela, en suspendant à Chevron les droits d'exercer sur le Venezuela, Trump pourrait s’attaquer à l’or noir de l’Iran.

L’OPEP+ envisage cette éventualité et se prépare déjà à compenser ce manque. Mais pour l’instant, Vladimir Poutine est chargé de déminer le terrain avec Téhéran pendant que Trump promet l’enfer au gouvernement des Mollahs.

Pour complexifier encore la situation, la Chine, la Russie et l’Iran viennent de mener des exercices militaires conjoints dans le golfe d’Oman, avec les navires des trois nations. Tant que Pékin achète les hydrocarbures iraniens, l’impact financier des sanctions américaines reste minimal pour Téhéran.

Finalement, il semble qu’un échange de bons procédés soit sur la table entre le Kremlin et la Maison-Blanche tant sur le dossier du programme nucléaire iranien que sur le partage du territoire ukrainien. Cerise sur le gâteau, les négociations se déroulent en Arabie saoudite !

 

Réduire la dépendance au pétrole

Aujourd’hui, personne n’a de vision claire de ce qui se passera la semaine prochaine et encore moins dans les prochains mois alors que Trump est encore là pour quatre ans. La seule certitude est que le pétrole va continuer de jouer un rôle majeur dans la géopolitique mondiale.

Au fur et à mesure que les gisements se tarissent, la situation va se complexifier. Pour les petites et moyennes nations, il n’a jamais été aussi urgent de réduire leur dépendance au pétrole.

 

Article publié dans le Journal Le Temps

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