MorningBull - Fukushima et le Pétrole

Voici un extrait de la news quotidienne de Thomas Veillet auteur de MorningBull, une géniale chronique économique. Voici son éclairage:

Depuis vendredi matin je lis à peu près tout ce qui me passe sous la main au sujet du tremblement de terre, mais surtout au sujet de la centrale de Fukushima et je trouve proprement hallucinant l'évolution de la vision des journalistes financiers et des financiers tout court. Attention, je ne parle pas des journalistes tout court, mais des journalistes « FINANCIERS », je commence à croire que ce n'est pas la même chose.

 

En l'espace des premiers commentaires de vendredi matin à ceux de ce matin on est déjà pratiquement passé par toutes les étapes psychologiques de la panique...D'abord on commentait le tremblement de terre de 8.9 comme un peu comme on aurait signalé un orage chez nous, encensant la manière avec laquelle les japonais gèrent ce genre d'incidents, puis on a réalisé que c'était vraiment grave et qu'il y avait un risque nucléaire, ensuite on est passé au stade limite panique, mais toujours très pros, balançant toutes les théories possibles et imaginable sur le nucléaire alors qu'on en sait rien et qu'on y comprends que dalle, car nos connaissances en la matière se limitent à avoir regardé le « Jour d'Après » en VHS quand on était ado, puis la bonne vieille panique avec un Nikkei qui se crashe de 14% et qui confirme que le pire est en train d'arriver.

Et pour terminer ce matin, avec des articles qui sont déjà en phase de digestion de tout cela et qui sont bluffés par la capacité de résistance des indices occidentaux et américains en particuliers....

Bref, si le cycle de la vie d'un investisseur entre « positivisme-doute-peur-panique-terreur-retour au calme-retour de l'intérêt-ratage du premier wagon-du second-éventuellement du troisième et retour au positivisme » durait dix ans il y a 25 ans, aujourd'hui nous sommes en train de réduire le cycle à 7 jours à ce rythme-là.

 

La Centrale de Fukushima

Tout d'abord, commençons par le commencement. La centrale de Fukushima est toujours en perdition. Nous sommes mêmes passé de 5 à 6 sur l'échelle de l'emmerdement maximum qui en compte 7, étalonné par les russes en leur temps. Et, si j'ai bien tout compris, même si on persiste à nous dire que c'est pas pareil que Tchernobyl, ça ne veut pas dire que l'on ne « PEUT PAS » pas faire aussi bien sur l'échelle des scores.

Mais du côté financier on est, semble-t-il en train de «comptabiliser » la chose. Les analystes financiers se sont mis au boulot, on commence à nous articuler des chiffres, toute cette histoire « pourrait » couter 3% du GDP Japonais, ça fait un paquet de PS3 et de Toyota Prius, mais une fois qu'on a comptabilisé le pire, on peut recommencer à reconstruire.

 

Kadhafi - Libye

C'est en tous les cas le sentiment que donnent les marchés occidentaux. Ils ont déjà bien résisté aux révolutions des pays du Moyen-Orient, à ce propos d'ailleurs, tout le monde s'en fout et Kadhafi peut tranquillement bombarder son propre pays, le G8 n'arrive pas à se mettre d'accord alors dans le doute on le laisse faire et on se revoit dans un mois pour un autre meeting pour se demander comment on va renouer les liens avec lui maintenant qu'il a écrasé les rebelles. Donc on a bien résisté aux révolutions, on semble bien décidé à résister aux évènement naturels (pour autant que l'on considère une ou plusieurs explosions nucléaires comme « naturelles »). En tous les cas la séance d'hier en Europe et surtout aux USA était bien moins catastrophique que l'on aurait pu le croire il y a 24 heures.

 

Côté Pétrole

Côté pétrole, l'or noir qui était censé être le baromètre des tensions du Moyen-Orient et le juge de paix de l'économie, et bien depuis quelques jours, il fait profil bas et semble se comporter comme si le nucléaire, c'était sa faute... Il ne fait que s'effriter lentement et ce n'est pas les émeutes ou les guerres civiles qui continuent à droite à gauche qui vont l'empêcher de baisser dirait-on.

Hier quand on nous annonce que la principale raffinerie Libyenne est bombardée et ne fonctionne plus que sur une jambe, on aurait pu s'attendre à un rebond au moins. Mais non. En tous les cas, il y deux semaines, tu mettais un rebelle nigérian dans une jeep avec un bâton de dynamite et tu le faisais rouler en direction d'un pipeline, le brut prenait 10%. Maintenant, tu rases une raffinerie, il baisse la tête et fait profil bas en disant « hey, c'est pas moi le tremblement de terre »... Le WTI est à 96.67$ et le Brent à 107.80$. Normalement, si le baril reste-là pendant 3 ans, d'ici le printemps 2014, le prix de l'essence à la pompe à Genève, devrait amorcer une baisse.

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Interview Thomas Veillet: Le Pétrole

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