Hydrogène: notre meilleur plan B?

La voiture électrique pourrait être ce que l’ampoule économique fut à l’éclairage: une transition vers un système plus performant. La polluante ampoule à mercure a laissé sa place à la LED.

Sur le même modèle, la mobilité électrique et le stockage sur batteries, dont le capital sympathie augmente, pourraient laisser leur place à l’hydrogène. Alors que le marché mondial commercialise plus de 80 millions de nouvelles voitures par année, même si la planète était retournée sens dessus dessous pour extraire des matières premières nécessaires aux batteries, il ne serait possible d’en construire que 20 à 30%.

 

L’émergence de la mobilité électrique ne repose pas sur des considérations environnementales.

Si la diminution des gaz à effet de serre est un effet de bord, elle est davantage une option stratégique de dominance industrielle qu’a saisie la Chine.

Elle utilise ce changement de paradigme pour rattraper son retard technologique sur les constructeurs automobiles américains et européens. Pékin a disrupté. Pour bétonner son succès, le gouvernement a brillamment créé un monopole sur l’entier de la chaîne de valeur, des terres rares aux composants des batteries et aux financements. Cette soumission énergétique est inquiétante et inquiète.

Elle explique l’attrait d’un hydrogène plus «open source».

 

La versatilité comme atout

Pendant des années, l’hydrogène a traîné ses pieds dans des boîtes à carton poussiéreuses. Aujourd’hui, il se révèle comme un outil énergétique extrêmement agile et fédérateur.

En plus de la mobilité, il apporte des solutions aux industries lourdes, à l’agriculture, pour le chauffage comme dans la gestion de l’électricité. Là où le poids des batteries cloue les avions électriques au sol, Airbus affiche une ambition de faire voler des longs courriers à hydrogène d’ici à 2035. Là où l’intermittence des énergies solaires et éoliennes est un handicap, l’hydrogène la stocke et la redistribue en temps voulu tout en équilibrant les réseaux.

Prouesse, tous les types d’énergies y voient un avantage: le gaz et son réseau de pipelines, l’hydraulique, le solaire et l’éolien. Le nucléaire y voit même une chance de rester en vie. De son côté, le puissant pétrole lui jette un œil noir de peur d’être substitué. Cependant, pour le climat, seul l’hydrogène vert, produit à base d’énergies renouvelables, montre patte blanche.

 

Pendant que la Suisse roupille

Si, par le passé, les tendances des marchés boursiers étaient un indicateur de la pertinence d’une technologie, l’injection illimitée de liquidités par les banques centrales fausse l’analyse et crée des bulles.

La folie des cours des actions de Tesla ou de Nio illustre le propos.

Dans ce pataquès, l’hydrogène en a également profité pour attirer des investisseurs même si, face à la menace chinoise, les Etats interviennent stratégiquement au nom de l’indépendance énergétique et de l’emploi. Pionnière, l’Allemagne a mis 9 milliards d’euros sur la table pour voir. L’Europe lui emboîte le pas pendant que la Suisse roupille. Riche, elle compte sur son pouvoir d’achat pour entretenir ses addictions à l’essence, au mazout et au gaz.

 

Compétition sur la performence

A ce jour, aucun pays n’est en mesure d’imposer un monopole sur l’hydrogène. La différenciation et le leadership reposent sur la performance et la rentabilité. Il y a quatre ans encore, le taux de conversion d’électricité en hydrogène n’était que de 30%. Aujourd’hui, l’Allemagne atteindrait déjà les 70%.

Après s’être fait piller solaire, éolien et nucléaire, il n’est pas dit que les pays occidentaux se fassent une nouvelle fois bercer par les sirènes chinoises. Produire et consommer une énergie locale devient une nécessité pour garder son indépendance.

Finalement, le succès de l’hydrogène réside dans le cul-de-sac dans lequel nous nous sommes enfermés. Climatiquement et énergétiquement, à défaut de n’avoir aucun plan A, l’hydrogène a le potentiel de devenir notre meilleur plan B.

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