Les énergies renouvelables déstabilisées par l’inflation

Début septembre, l’Agence internationale de l’énergie a annoncé que le pétrole et le gaz méthane atteindraient leur pic de consommation d’ici à la fin de la décennie. La pression monte sur les solutions de remplacement dont la mission est de prendre le relais pour maintenir notre modèle économique vieux de deux cents ans.

Riche de ce défi, l’industrie des énergies renouvelables devrait avoir le vent en poupe.

 

La réalité peine à accommoder cette perception. Face à l’inflation et aux taux d’intérêt élevés, tant du côté de l’électricité solaire qu’éolienne, c’est la soupe à la grimace. Certains fabricants sont contraints de mettre un genou à terre. Tout conspire à ce que l’espace entre les lèvres et la coupe n’arrive pas à diminuer.

 

L'éolien fait fasse à des vents contraires

Du côté de l’éolien, d’ambitieux projets offshores prennent l’eau. En Angleterre, lors de la dernière mise aux enchères de fermes d’éoliennes, aucun promoteur ou investisseur n’a daigné faire d’offre face aux conditions inatteignables élaborées par le gouvernement.

A la bourse, le secteur éolien a dégringolé de plus de 20% durant l’été. Le secteur est particulièrement vulnérable face à la hausse des taux d’intérêt car les promoteurs concluent des contrats à long terme, fixant le prix de vente de l’électricité avant d’entreprendre les travaux. De plus, une lutte acharnée entre les constructeurs chinois et européens a déclenché une spirale de diminution des coûts de fabrication.

Ainsi, les composants bon marché se multiplient et les pannes s’enchaînent. Siemens a dû créer une réserve de plus de 1 milliard d’euros afin de prendre en charge les défauts de production sur des installations en activité.

De plus les contraintes économiques se couplent à des problèmes de pénuries de main-d’œuvre, de matières premières et de composants. Ces vents contraires freinent la mise en service de nouvelles installations.

L’entreprise suédoise Vattenfall a vu ses coûts grimper de 40%, pendant que les actions du géant danois Orsted ont chuté de 30% depuis la fin du mois d’août.

 

7 milliards d’euros de marchandises solaires en rade dans des entrepôts européens

Si comme Donald Trump, on regarde le soleil, les fabricants de panneaux solaires européens et américains clament que le tsunami de marchandises chinoises a fait chuter les prix à des niveaux suicidaires. A travers l’Europe, plus de 7 milliards d’euros de marchandises traînent dans des entrepôts dans l’attente de trouver des acquéreurs. Pour diminuer les stocks, les fabricants sont obligés de vendre au rabais.

Dans ce contexte, la concurrence extrême ne fait pas de prisonnier, même les entreprises chinoises subissent les foudres des investisseurs. Les actions de Sungrow, JA Solar ou Risen ont chuté de 30 à 40%.

Ces baisses sont d’autant plus étonnantes et déstabilisantes que ces entreprises bénéficient de subsides et de demandes d’investissement portées par des programmes de transition électrique soutenus par Washington, Pékin et Bruxelles.

 

La navigation par beau temps est plus facile

En réalité, ce marasme a trouvé sa genèse dans la crise économique de 2008. Alors que le boom des énergies propres prenait son essor dans un contexte de taux zéro et d’une inflation inexistante, les modèles d’affaires ont été imaginés pour naviguer sur une mer d’huile. Pour satisfaire à leur croissance exponentielle, ces entreprises avaient misé sur des créations infinies d’actions, des prêts gratuits et des tarifs de l’électricité favorables.

La tempête économique actuelle crée des vagues bien trop grandes.

 

Dans ce qui ressemble à une occasion manquée, un homme résume cette situation paradoxale à sa manière. «Nous ne pouvons pas débrancher le système énergétique d’aujourd’hui avant de construire le système de demain», dixit le Sultan Al-Jaber.

On ne peut en vouloir au président pétrolier de la prochaine COP28 de défendre son terrain de jeu. Cependant, dans son décryptage il manque un objet crucial: une montre suisse! N’avons-nous jamais eu autant besoin d’entendre un tic-tac pour nous rappeler, qu’au niveau des énergies, le temps vient à manquer ?

 

Article également publié dans le journal Suisse: Le Temps

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