Transports publics ou voiture : le dilemme
Pendant que le coronavirus confine certains employés au télétravail, ceux-ci ne peuvent plus emprunter les transports publics. Corollaire à cette situation, les détenteurs de "l’abonnement général" des CFF continuent de payer pour une prestation qu’ils ne peuvent plus utiliser.
Alors qu’il ne devrait y avoir aucun dilemme à choisir entre sa voiture ou les transports publics, les acteurs de la mobilité douce font tout pour que le citoyen reconsidère ses choix.
Pour ceux qui ont acheté leur abonnement général des CFF en début d’année, c’est le jackpot. Depuis l’arrivée du coronavirus, entre 3 à 5 mois de télétravail ont privé les passagers de leur train. Comme la facture court toujours et à Frs 321.-- par mois, on frise ou dépasse le millier de francs payé pour rien.
Quand l’on contacte le service après-vente des CFF, pour un éventuel remboursement ou un geste, le message est limpide. Lisez les conditions de ventes. Il est marqué noir sur blanc que : "Vous êtes pomme avec le bourg". C’est au moment de raccrocher le téléphone que le capital sympathie auprès du rail, déraille.
Ne rien lâcher aux perdants
Bref, une partie de ces perdants se sont orientés vers une alternative plus attractive. Un abonnement pour 4 mois à Frs 340.--/mois (soit un renchérissement de 6% sur l’offre annuelle) avec la possibilité de le déposer pendant un mois. Cette solution a l’avantage de minimiser ses pertes en cas de télétravail ou de confinement.
Cependant, cette solution était trop belle. Elle va être supprimée par les CFF et remplacée par un abonnement de 6 mois.
Dans une situation de télétravail coronatique, cette solution permettra de lire à nouveau "Vous êtes pomme avec le bourg." Notez que si vous refuser cette partie du règlement, vous ne pourrez pas acquérir le sésame.
Abonnement fortement majoré
Une dernière alternative s’offre à vous. Prendre un abonnement mensuel d'un mois. Mais dans ce cas, la majoration du sésame est de +31 % à Frs 420.-- par mois !!!
Comparaison n’est pas raison. Cependant quand des investisseurs de type «business angels» raquette une une start-up, ils demandent un intérêt de 15 à 20%.
Mais là, pour les CFF, ce n’est plus du racket, c’est du tennis !
Cerise sur le gâteau, si vous devez laisser votre voiture dans un parking des CFF, il vous faudra compter sur une douloureuse qui grimpe à Frs 660.--/mois ou Frs 8’000 par année.
Puis-je déduire ces coûts de ma déclaration fiscale?
Vous ne pourrez pas déduire la totalité des frais de transports publics dans votre déclaration fiscale.
Hé oui ! Afin de financer les projets futurs des CFF, l’impôt fédéral directe n’autorise qu’un montant maximal de Frs 3’500 pour les déplacements. Le reste est pour votre pomme.
Bien que cette mesure fut acceptée démocratiquement par le peuple, on pourrait imaginer une meilleure oreille des CFF.
Vevey: Une commune à la pointe de l'encouragement à la mobilité douce
Du côté des communes, c’est du côté de Vevey qu’il faut se tourner pour y trouver une véritable pépite en la matière.
Là, plus de 100 places de parc qui étaient utilisées par les pendulaires du train ont été déclassées en un parking de 3 heures maximum.
Ainsi, si vous désirez prendre le train pour aller travailler durant la semaine ou skier durant le weekend, impossible de vous parquer. Vous devez prendre votre voiture. Heureusement qu'il n'y a pas de bouchons sur l'autoroute du Valais le dimanche soir.
Cette interdiction spécifique aux pendulaires, touche particulièrement les habitants des villes de la Veveyse dont les transports publics ne riment pas avec efficacité.
Une idée à plus de 100'000 kg de CO2/an
Pour l’Agenda 21 de la commune, la formule est simple «vous n’avez qu’à habiter à Vevey sinon débrouillez-vous». A noter que la mesure génère plus de 100’000 kg de CO2 par an ce qui est paradoxal pour un Agenda 21.
Au niveau des chiffres, Vevey perd annuellement plus de Frs 300’000 de revenus de parking des pendulaires du train. Mais bon avec Nestlé et la Fête des Vignerons, les finances de la ville sont saines.
Pour être franc, une alternative est offerte avec un parking au sommet de la ville avec une liaison en bus, mais elle semble avoir été concoctée par la même équipe qui a installé l’Hôpital du Chablais dans un no men’s land de la mobilité à Rennaz.
Pour le bonheur de l’Union Pétrolière Suisse
Alors que le choix entre transports publics et voiture ne devrait pas se poser, tout est fait pour qu’elle se pose. Les freins viennent justement des institutions censées promouvoir la mobilité douce.
Pour une fois, l’Union Pétrolière Suisse n’y est pour rien. D’ailleurs si vous prêtez l’oreille, vous pourrez entendre leurs employés hurler de rire.
Parking à Vevey
Vevey, historiquement, les pendulaires du train pouvaient parquer sur ces places et prendre le train.
Ces places ont été limitées à 3h, depuis elles sont désespérément vides (photo prise à 8h30 du matin).
Les pendulaires doivent prendre leur voiture
pour se rendre à leur travail ou pour aller skier durant le weekend.