Start 3: Les Véritables Enjeux de cet Accord Nucléaire
Le nouveau traité de réduction des armes nucléaires USA-Russie, START-3, a été ratifié jeudi par le sénat américain. Il sera examiné vendredi par la Douma russe. Officiellement, il s'agit de réduire à 1'550 les ogives nucléaires militaires pour une planète plus sûre et plus sympa.
Mais vous vous en doutez, le violon joué par les Russes et Américains sonne une musique différente dans la réalité. Tentons de regarder au delà de la propagande livrée par les services de communication des gouvernements et repris en coeur par tous les médias en manque de journalistes spécialisés. Partons dans les coulisses de cet accord.
Côté Violon
Le nouveau traité START a été signé en avril 2010 par le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev. Une terre plus sûre et une amitié retrouvée sont les axes de communication utilisés par les spécialistes marketing US et Russes.
Le document prévoit un maximum de 1'550 ogives nucléaires déployées pour chacun des deux pays, soit une réduction de 30% par rapport au niveau établi par Traité de désarmement nucléaire signé à Moscou le 24 mai 2002.
Pour entrer en vigueur, le Traité START-3 doit être ratifié par le sénat américain et par les deux chambres du parlement russe.
Côté Pratique
Pour comprendre l'urgence et la nécessité de cette accord, il faut savoir que les mines naturelles d'uranium couvrent le 60% des besoins des centrales atomiques, le 40% restant provient des stocks militaires via les précédents accords Start 1 et 2. Oui, vous avez bien lu: la production minière mondiale ne couvre que le 60% de la demande actuelle et nous sommes très proche du "Peak Uranium". La hausse continue des prix de cette matière première (+50% en 6 mois) souligne la pression sur la production qui a de la peine à décoller.
En juillet 2007, au sommet du G8, Vladimir Poutine annonça, que sans un nouvel accord Start 3, ses exportations d'uranium militaire allaient cesser dès 2013.
Du coup, l'uranium prit un gros coup de chaud et toucha des sommets jamais explorés. De 2$ dans les années 90, l'uranium pulvérisa allégrement les 100$!
Autre petit détail pour comprendre la subtilité de cet accord. Le 10% de l'électricité produite par les centrales américaines est faite avec le précieux combustible russe. Ce n'est pas facile de trouver cette info sur CNN, je vous le concède mais vous comprenez bien pourquoi. Si Sarah Palin venait à l'apprendre...
(La Suisse consomme également une bonne quantité d'uranium russe et vient de renouveler un contrat exclusif avec Rosatom jusqu'en 2025, mais là aussi motus et bouche cousue. Seul le quotidien Russe Ria Novosti n'avait pu tenir sa langue).
Ainsi, si les Américains et les Russes se réunissent, il s'agit bien pour eux de pouvoir faire les fonds de tiroir afin d'assurer le fonctionnement de leurs centrales nucléaires pour les américains et de garantir la fourniture de combustibles pour les nouvelles centrales fabriquées par les Russes. Cet accord est bien assis sur une base énergétique et de stratégie commerciale.
Toujours selon Vladimir Poutine, ce nouvel accord permettra de pouvoir fournir les centrales jusqu'en 2023-2025. Ensuite, il faudra revisiter Start 4. Mais d'ici là, la Russie devrait recevoir 7 milliards de $ pour la vente de son uranium ou bien plus si les prix continuent leurs folles envolées.
Ils ont quand même du bol nos amis Russes. Ils ont toutes les matières premières qu'il nous faut, alors qu'en Europe à part le soleil et le vent nous n'avons rien! Je crois que je vais me mettre au russe et au chinois, c'est l'avenir...
Par Laurent Horvath, reproduction autorisée avec le nom de l'auteur et du site 2000Watts.org
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