Energie: L'Angleterre en mauvaise posture

La théorie de l’évolution démontre que ce n’est pas l’espèce la plus forte qui survit mais celle qui est capable de s’adapter aux changements. Les stratégies énergétiques de l’Angleterre et de la Suisse illustrent parfaitement ce schéma.

Historiquement le Royaume Unis s’appuie sur le couple gaz/pétrole de la Mer du Nord ainsi que sa maîtrise de l’atome. Mais aujourd’hui les plans subissent des bouleversements inattendus.

 

Angleterre: Nucléaire à tout prix

En 2015, l’Angleterre avait conclu un accord avec le français EDF pour la construction de 2 centrales nucléaires à Hinkley Point pour augmenter de 7% la capacité électrique du pays d’ici à 2025.

Le gouvernement garantissait un prix de rachat de l’électricité de 12,5 centimes d’euros (13,75 ct franc suisse) le kWh sur une durée de 35 ans.  En contre partie, EDF devait assurer le financement, le fonctionnement, la livraison d’uranium, le recyclage des déchets et la production d’électricité durant cette période.

Alors que le marché européen de l’électricité produit un kWh compris entre 2-5 centimes (francs suisse) et 7-10 centimes pour le solaire ou l’éolien, l’industrie anglaise s’inquiète d’une hausse des prix de l’électricité.

Le choix du nucléaire de l’île réside dans son rôle de grande puissance nucléaire militaire mondiale et à ce titre David Cameron est prêt à payer le prix fort pour maintenir cette image.

En théorie, la feuille de route tenait la route jusqu’à ce que les anglais découvrent que le duo EDF-Areva, criblé de dettes, est dans l’incapacité de trouver les 24,5 milliards d’euros pour financer la construction des deux centrales.

 

Le Nucléaire français paralysé par les dettes

La France, également une puissance militaire nucléaire, est en mode panique. Areva cumule une dette de 7 milliards d’euro et les contribuables français vont devoir injecter 5 milliards pour maintenir le malade en vie.

Du côté d’EDF, les dettes se montent à 37 milliards d’euro avec une capitalisation en chute à 19 milliards d’euro. De plus, la nécessité de rénovation du parc nucléaire français (2014-2030) est chiffrée à 100 milliards d’euro par la Cour des Comptes.

Il ne reste qu’à EDF de vendre une partie de ses actifs, de se séparer  de nombreux employés et de réduire ses charges pour améliorer ses chances de retrouver des capitaux sur les marchés financiers.

Dans cette situation catastrophique, le board d’EDF a repoussé sa décision de participer à l’aventure anglaise ce qui met David Cameron dans l’embarras surtout que l’autre pilier anglais : le pétrole/gaz montre des signes inquiétants de faiblesse.

 

Le peak oil dépassé

Du côté de la Mer du Nord la production de gaz et de pétrole sont en chute libre. Le pays a dépassé son peak oil et ne peut que constater une baisse constante de sa production et les prix bas du baril encouragent les pétroliers à abandonner prématurément certains forages.

Séduit par le succès du schiste américain, le Gouvernement a cru apercevoir une alternative à l’assèchement des gisements de la Mer du Nord et il s’est précipité pour en faire une priorité absolue.

Pour confirmer son engagement sans retour dans le schiste pétrolier et gazier, le pays a pris le soin de désactiver les supports aux énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien.

Mais depuis, la bulle américaine de schiste a explosé et la recherche de financement sur le sol anglais s’apparente à une mission impossible.

Sous la pression de son ADN, de son image, de son prestige et des ses lobbys surpuissants l’Angleterre se retrouve dans une situation peu enviable, tel un dinosaure inadapté à son nouvel environnement.

Suisse: Pas de pétrole mais des idées

Début février, lors de la visite de Doris Leuthard, à Londres, la ministre de l’Energie Suisse a souligné que contrairement à l’Angleterre, la Suisse n’a pas de pétrole, de schiste ou de gaz et se désengage du nucléaire ce qui a presque eu le mérite de faire tomber de sa chaise Lord Bourne, le responsable de la stratégie énergétique du Royaume Unis.

Pour survivre, Berne montre une agilité faite d’innovation, d’efficience énergétique et d’énergies du future et laisse la porte ouverte aux alternatives passées et futures.



L’Angleterre et la Suisse prennent un chemin opposé, comme l’Allemagne ou la France, les USA ou la Hollande.
Si nous pouvons nous fier à la théorie, l’adaptation aux changements est la clé pour les survie des espèces. Il pourrait en être de même pour les stratégies énergétiques.

 

 

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