Pénurie pétrolière: le scénario de 2008 va-t-il se répéter en 2022?
Comme dans le film Un Jour sans fin, serions-nous en train de revivre la crise économique de 2008? A la manière du Petit Poucet, pierre après pierre, tous les marqueurs égrenés lors de cet épisode historique refont surface entre une inflation galopante, une pénurie pétrolière, des bulles financières et les hausses rapides des taux d’intérêts.
Comme lors des cinq précédentes crises, l’édition 2008 avait montré l’influence du prix du pétrole et sa capacité de détruire l’économie dans un cycle infernal.
La crise de 2008
La mise à feu débuta en février 2008 par le passage du baril au-dessus de 90 dollars. Cinq mois plus tard, en juillet, les compteurs s’affolèrent à plus de 147 dollars. Sur la période, l’inflation grimpa de 2 à 5,6%.
La Banque fédérale américaine (FED) fut forcée de réagir avec des hausses rapides et successives des taux d’intérêts avec l’espoir de freiner cette spirale. Incapables de faire face à l’augmentation de leurs hypothèques, un grand nombre de propriétaires américains firent défaut. La bulle des subprimes explosa en septembre et fit voler en éclat le monde de la finance et des banques.
Il aura fallu l’intervention artificielle des banques centrales et une création massive de dettes publiques pour redresser la barre. Par chance, l’économie put compter sur la venue messianique du pétrole de schiste américain. Ce flot inattendu réussit à alimenter la reprise avec une énergie bon marché mais jeta une ombre sur un or définitivement trop noir.
Les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire prirent leur essor, comme le nucléaire émergea comme alternative au pétrole en 1973.
Des boucliers pour se protéger
Aujourd’hui, mois pour mois, la coïncidence est délicieuse, nous retrouvons le baril de pétrole là où nous l’avions laissé en 2008, soit à 90 dollars.
Les mêmes fondamentaux clignotent. Une forte hausse des prix des matières premières, des céréales, des troupeaux, de la nourriture et même une pénurie de l’offre pétrolière s’unissent pour titiller l’inflation. La FED vient d’annoncer une série de remontées des taux directeurs dès le mois de mars. Il ne manque que l’éclatement d’une bulle pour compléter le tableau. Les dettes abyssales des Etats, des citoyens, des étudiants américains et des entreprises sont autant de cibles potentielles. Reste à savoir laquelle montrera des signes de faiblesse d’autant que les banques, bridées dans leur créativité, ont retrouvé leur liberté de produire des montages financiers aussi farfelus que toxiques.
Plus de dix années séparent ces deux époques et beaucoup d’énergies fossiles ont passé sous les ponts. Peut-être trop.
Si le pétrole avait suffi à déclencher la crise de 2008, aujourd’hui s’ajoutent le gaz, le charbon et l’uranium. Cet alignement de planètes est historiquement unique. Certains gouvernements sont déjà en train de tenter d’éteindre artificiellement l’incendie en imposant des boucliers tarifaires en plafonnant les prix de l’électricité ou de l’essence. Sur le très court terme, cette stratégie permet de se prémunir contre une révolte sociale, mais saigne les budgets. Combien de temps cette posture pourra être maintenue? La question ne veut pas de réponse.
Une prime pour les audacieux
La sortie de la crise de 2008 postulait sur une diversification énergétique avec l’ambition d’une émancipation des sauts d’humeur du pétrole. Pour certains, les flots de schiste américain furent une excuse suffisante pour justifier le statu quo. Pour les pays et les citoyens les plus audacieux et visionnaires, leurs investissements dans des productions énergétiques renouvelables se révèlent actuellement comme un bouclier local et naturel.
Ils encaissent aujourd’hui les dividendes de leur audace, un kilowattheure bon marché à la fois. Sortir d’une crise financière n’est pas un exercice facile surtout quand une grande partie des pays sont surendettés, mais couplée à une crise énergétique, l’expérience pourrait être aussi fascinante que douloureuse.
A ce titre, l’année 2022 pourrait être olympique.