Faut-il continuer à élire des schizophrènes?
Le bonheur se cache dans une croissance infinie. C’est avec ce concept que les dirigeants de nos pays ont pris l’habitude de mentir à la hausse. Dans cette surenchère de promesses dithyrambiques, les peuples ont fini par y croire et l’exiger. Ainsi, sans proposer monts et merveilles, les chances d’élection s’amenuisent proportionnellement.
La démocratie ne semble plus adaptée au monde vrai-faux des réseaux sociaux et encore moins face à la violente virtualité des métavers qui vont prendre en otage nos cerveaux.
Tant que le pétrole et le gaz coulaient presque gratuitement à flot, le monde surfait sur cette prospérité facile. Le premier véritable coup de tocsin sonna lors de la crise de 2008. Cette semonce fut vite effacée par l’arrivée miraculeuse du pétrole de schiste et la création artificielle de dettes pharaoniques.
Aujourd’hui, les Biden, Macron, Trudeau ou Johnson, impuissants face à la crise énergétique mondiale, se trouvent dans une position schizophrénique. D’un côté, ils encouragent à freiner l’abus de pétrole et de gaz et, de l’autre, ils demandent d’ouvrir les vannes.
Utiliser de l’essence pour éteindre l’incendie
Ainsi, Joe Biden exhorte ses concitoyens à utiliser les hydrocarbures avec parcimonie. A 180 degrés, il supplie l’OPEP et la Russie d’extraire encore plus d’or noir afin de faire baisser les prix.
Devant la réticence du cartel, il a décidé d’écouler 50 millions de barils de pétrole de la réserve stratégique américaine. Le geste paraît énorme et décisif, mais dans les faits, il ne représente que 2,5 jours de consommation. Une goutte d’eau, histoire de donner l’illusion de maîtriser une situation non maîtrisable.
De son côté, Emmanuel Macron a réduit cette problématique à un chèque énergétique afin d’acheter la paix des pauvres avec une centaine d’euros.
Que dire des stimuli économiques prévus pour booster la croissance avec les 490 milliards de dollars du Japon, en passant par les 1900 milliards américains et aux centaines de milliards européens? Même si une partie importante de cette manne sera siphonnée par les fonds d’investissement et les grandes fortunes, ces outils vont exacerber artificiellement la demande d’énergies pour finalement enflammer l’inflation par un magnifique effet boomerang.
De la débauche à l’acte chirurgical
Dans un monde où les quantités de pétrole s’épuisent et où le gaz naturel pourrait devenir une ressource réservée à certains pays, utiliser des placebos devient une menace.
La situation demande de passer d’une surconsommation chronique des ressources à celle d’une utilisation chirurgicale. Comme si chaque goutte comptait, la vision d’un remplacement baril après baril nécessite un plan de bataille. En effet, les constructions d’éoliennes, de panneaux solaires, de barrages hydrauliques ou d’installations renouvelables consomment de grandes quantités de pétrole, de gaz et de charbon. Participer à sortir le monde du piège actuel serait le plus beau sacrifice des énergies fossiles.
A défaut d’un plan B qui n’existe pas, le climat devra encore être sacrifié pendant quelques années.
L’Europe aura-t-elle les ressources?
A dire vrai, le contexte actuel n’est pas favorable à l’Europe. Pauvre en matières premières, historiquement elle puisa ses besoins sur d’autres continents. Aujourd’hui, face à la concurrence mondiale, elle a laissé filer en Asie ses capacités de transformer l’acier et l’aluminium en voitures électriques, en panneaux solaires ou en éoliennes.
Autrefois leader, le Vieux-Continent est orphelin de ses emplois exportés. Il traîne sa dépendance énergétique comme une croix. Mais n’est-ce pas justement dans le manque de ressources que l’on voit les ressources d’une civilisation?
Malgré le manque de confiance creusé par le covid et la frénésie des réseaux sociaux, cette crise énergétique et structurelle a le potentiel de servir de séances de psychanalyse, tant à nos leaders schizophrènes qu’à ceux qui les élisent. Dans toute cette incertitude, une certitude: moins il y aura de pétrole, plus il y aura d’idées.