Le fiasco de la COP26 soulage beaucoup de pays
Il n’aura fallu que quelques minutes après la fin de la COP26, pour que de nombreux représentants gouvernementaux sautent sur Twitter afin de se dédouaner de cet accord à minima. Cependant, aucun n’a expliqué pourquoi il a voté "oui".
Durant cette cérémonie de clôture, Simonetta Sommaruga, Ministre Suisse de l'Energie & Environnement, a laissé transparaître l'agacement de certains pays, pendant que le président de la COP, Alok Sharma, termina sur une note qui en dit long.
En réalité, le statu quo ante bellum est la meilleure option pour nombre de gouvernements. Tour de table des acteurs en présence.
Les pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Les budgets de la quasi-totalité des monarchies du Moyen-Orient, ainsi que le Libye, le Nigeria, l’Irak, l’Iran, le Venezuela, ou le footbalistique Qatar dépendent de 80 à 95% de la vente d’hydrocarbures.
Ces mêmes gouvernements se trouvent à la COP et l’on comprend qu’ils ne peuvent pas se saborder en limitant leurs extractions. Sans revenus pétroliers, le Venezuela est condamné à disparaître et l’Arabie Saoudite, à devenir un désert inhabitable sans eau et trop chaud. De son côté, les exportations de charbon sont essentiels pour l'Afrique du Sud.
Emblématique, la Norvège, dont le fonds souverain trône sur une fortune de $ 1'500 milliards a décidé de continuer ses extractions pétrolières et gazières sous prétexte que la masse amassée n’est pas suffisante afin d'effectuer une transition énergétique.
La dernière heure des négociations sur le climat et la demande de l'Inde et de la Chine sur le charbon
Les pays importateurs d’énergies
Le soulagement des pays importateurs n'a d'égale que celui des pays exportateurs. A la sortie de la pandémie, la priorité première est de monter dans le train direction "croissance". Qui dit croissance, dit augmenter l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon. Le triple "Z": zéro émission, zéro croissance, zéro chance de se faire réélire hante Emmanuel Macron et les autres leaders mondiaux.
Ainsi, début 2022, la demande mondiale de pétrole devrait dépasser le niveau d'avant pandémie à plus de 101 millions barils/jour.
Très dépendant du charbon électrique, la Chine et l'Inde ont tout fait pour que le texte final ne mentionne pas la possibilité d'un accès réduit et à la diminution du financement du charbon afin de ne pas mettre en danger l'électrification de leur Economie.
Limiter la possibilité de brûler des hydrocarbures et du charbon aurait été un coup de frein à la croissance. Les hautes écoles comme IMD, Insead, l’ENA, Harvard ne forment que des dirigeants capables de naviguer par beau temps avec une croissance du PIB. Aucun mode d'emploi "sans énergie fossile" est enseigné.
Simonetta Sommaruga réagit à la demande de dernière minute
de l'Inde et de la Chine
Le Climat
Les médias ont été rapides afin de labéliser la COP26 comme celle de la dernière chance. Un label fait vendre. Quel label aura l'épisode 27 en Egypte?
Du côté des gouvernements, la COP26 ne pouvait tomber plus mal car la priorité actuelle est la croissance. Le climat pourra attendre l'année prochaine.
De plus, le processus de décision de la COP est son talon d’Achille. L’unanimité de tous les pays est requise afin de signer la déclaration finale. Ce processus a été inventé par un fou, un pétrolier ou les deux. Dans tous les cas, il est la garantie d’assurer la paralysie sur le plus petit dénominateur commun.
Une année pour éclairer à défaut d'éblouir
A l'image de l'ONU, le processus de paralysie de la COP montre que cet outil n’est pas adapté pour une situation d'urgence. Faudrait-il tout simplement ignorer les COP et utiliser d'autres avenues?
Est-ce que les plans de transition énergétique de l’Agence Internationale de l’Energie seraient la meilleure option sur la table ? (arrêter immédiatement d'investir dans les énergies fossiles). Au lieu de prendre le problème du côté climat, ne serait-il pas plus simple de prendre le problème par le côté "quantité d'énergies à disposition"?
Depuis les années 70, les scientifiques du climat ne veulent plus attendre parler du "peak oil" ou du "peak gaz". Ces deux options semblaient trop risquées et éloignées dans le temps. Finalement, est-ce que ces pics arriveront avant le consensus des pays de la planète ?
Faudrait-il demander aux pays extracteurs de gaz, de charbon ou de pétrole de garder leurs précieuses matières premières dans le sous-sol et de les dédommager financièrement pour combler le manque à gagner? (ex: Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Russie, Libye, Venezuela, Nigeria, Iran, Qatar.)
Est-ce que les deux plus grandes superpuissances, Chine et USA pourraient mettre tout le monde d’accord ?
Finalement, quels seront les rôles à venir des citoyens et de la finance mondiale ? Est-ce que ces deux piliers pourront jouer un rôle décisif?
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Mots de conclusion d'Alok Sharma, président de la COP26.
Désolé pour le dénouement final.
La dernière réunion de la COP26. Début à 26 min.