Seules les Femmes peuvent agir contre le réchauffement climatique
A l’écoute d’une émission radiophonique, ce fut le mantra délivré par une romancière dont son livre présente le sexe masculin comme incapable de répondre au réchauffement climatique. La lame est tranchante. Seules les femmes ont les capacités de venir au secours de notre planète.
Il est intéressant d’analyser ces mouvances d’individualisation et de division de la société venues des Etats-Unis. Ainsi, il est devenu très tendance de catégoriser une personne par son genre, ses préférences sexuelles ou culinaires et de la répertorier parmi les lettres de l’alphabet.
Les couches horizontales des classes sociales sont remplacées par une division verticale d’humains qui deviennent aussi seuls qu’uniques. A l’exact opposé, Donald Trump a pourtant surfé sur la même vague. De la gauche la droite, stigmatiser sert à manipuler.
Diviser pour mieux régner
Les lobbys et les géants, comme Facebook, savent qu’une société fragmentée est plus facile à manipuler, surtout s’il est possible d’insérer un individu dans son exacte bulle.
L’Union Pétrolière Suisse joue sur le même registre et clame : «La Suisse n’est responsable que d’un millième des émissions mondiales de CO2. Même si nous réduisions nos émissions de CO2 à zéro du jour au lendemain, cela n’aurait aucun impact sur le climat mondial.» Avec cette grille de lecture, quiconque sera tenté de relativiser son rôle et son impact énergétique.
Que peut bien faire un citoyen esseulé ? En réalité, la pollution mondiale est générée par la somme des 8 milliards d’individus. Pour l’helvète, si l’on cumule la taille moyenne de sa voiture avec le nombre de voyages en avion et en y ajoutant plus de 50% des chauffages alimentés au pétrole et au gaz, son comportement génère un impact largement supérieur à la moyenne.
D’ailleurs, la consommation énergétique est influencée par l’accès au capital. Plus la fortune est grande, plus la consommation est élevée. Qu’importe le genre. Dans une société divisée en individus uniques, le centre commercial, Zalando ou Amazon devient le point commun. Avec une cohésion disparue, le capital et la consommation deviennent ce fil qui relie. Grâce à ses pulsions d’achats, l’individu unique retrouve une société plurielle, même si elle n’est que virtuelle et superficielle.
L’énergie d’avancer vers une nouvelle société
Les pétroliers et les agences sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme. Avant la fin de cette décennie, l’extraction de pétrole va atteindre un plateau. L’une des issues sera de se tourner vers des productions d’énergies résilientes, délocalisées et hyperlocales comme le bois, le solaire, le vent ou l’eau.
Paradoxalement, ces énergies vont créer un rapprochement sociétal.
Il y a encore quelques années, grâce aux subventions, la production solaire photovoltaïque pouvait se limiter à une habitation indépendante. Aujourd’hui, c’est le partage d’électricité avec les membres d’un même quartier qui s’impose et qui offre un rendement optimal du capital. L’énergie devient non seulement une source calorifique, mais un démultiplicateur de relations entre voisins avec l’opportunité de reconstruire une société très locale.
L’histoire montre que l’espèce humaine est très douée pour gérer les pénuries. Dans ces moments décisifs, la coopération et la capacité de se réinventer sur des bases nouvelles prennent le dessus. Pareil effet disrupteur est obtenu au travers d’une guerre. Espérons que cette extrémité ne sera pas le choix premier.
Moins de biens, plus de liens
Pour affronter une diminution de l’accès aux énergies ainsi que le changement climatique, l’équation pourrait se résumer à « moins de biens, plus de liens ». La mission est titanesque.
La réflexion et la participation de chacun, homme, femme, grand, petit, jeune, vieux est essentielle. C’est dans la pluralité et la cocréation de pensées et d’expériences que pourra émerger une société capable de répondre, dans la paix, aux défis à venir, mais certainement pas dans la division.