Energies: les crises accélèrent l’histoire

La conjonction d’une pandémie et d’un krach pétrolier est le cocktail idéal pour faire vaciller nos certitudes, surtout que le design de notre économie a été entièrement construit sur une utilisation intensive des énergies. Dis-moi combien de pétrole tu consommes et je te dirai ton PIB.

Le monde ne va certainement pas se transformer radicalement, mais les crépitements des changements pourraient se précipiter.

En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, foudroyés par le virus, les piliers qui supportaient l’économie se sont affaissés. La baisse de la demande pétrolière est si importante que la préoccupation principale est de trouver des lieux afin de stocker plus de 4 milliards de litres inutilisés par jour.

Peut-on vivre avec moins de pétrole?

Les banques centrales peuvent bien continuer à injecter des sommes astronomiques dans le système, un grain de sable structurel s’est inséré dans la machine.

En attaquant le pétrole de schiste américain, la Russie pose indirectement une question: est-ce que le monde peut se passer, ne serait-ce qu’une partie, de ces 9,5 millions de barils par jour? En d’autres termes, est-il possible de vivre tout aussi bien avec moins de pétrole?

De manière factuelle, il ne reste plus que 12 pays dans le monde qui assurent avoir les capacités d’augmenter leur production alors que 25 ont atteint leur pic. Depuis quatre ans, la quasi-totalité de la croissance pétrolière s’est effectuée grâce au schiste des Etats-Unis et aux sables bitumineux du Canada.

Si le schiste s’étouffe, l’économie mondiale va tousser.

 

Krach pétrolier

Ce choc bouleverse également l’ingénierie financière savamment mise en place. Ainsi, le modèle d’affaires d’une compagnie pétrolière est de générer des dividendes, pas du pétrole. Ces dividendes permettent d’attirer des investisseurs, qui donnent ensuite l’amplitude d’extraire du pétrole.

Ainsi, les grandes majors se retrouvent dans le scénario kafkaïen de devoir s’endetter et de couper dans leurs budgets d’exploitation afin de garantir des dividendes. Il n’est pas étonnant que la découverte de nouveaux gisements est au plus bas depuis soixante ans. Ce scénario est identique avec les producteurs étatiques. Leurs bénéfices représentent une grande partie, voire la totalité, du budget national.

Les signaux du krach pétrolier ont résonné durant toute l’année 2019 et même les dérèglements climatiques n’ont pas réussi à attirer l’attention. L’incapacité à anticiper et la peur de toucher aux délicats mécanismes de croissance économique paralysent.

En Suisse, comme ailleurs, les mesures prises pour diminuer notre dépendance énergétique ne sont qu’alibis. Dans l’optique qu’un dossier qui dort ne dérange pas, les objectifs ont été expédiés en 2050. Cet avenir assez lointain permet de ne rien faire tout en apportant une gloire éphémère à son initiateur.

 

Face à l’insouciance énergétique

Afin de remettre l’économie mondiale sur les bons rails, l’Agence internationale de l’énergie recommande d’activer une transition énergétique dès la sortie de la crise en diminuant nos dépendances au pétrole, au gaz et au charbon.

Les objectifs flous et lointains devraient être remplacés par des projets concrets d’ici à 2025 pour ensuite disséminer à large échelle les meilleurs d’ici à 2030. L’important est d’enclencher immédiatement le processus grâce aux financements des plans de relance de l’emploi et de l’économie.

 

Les dogmes montrent une certaine fragilité face au pragmatisme nécessaire que réclame la gestion de l’urgence actuelle.

L’impossible d’hier ne l’est plus aujourd’hui. Certes, tout sera fait pour tenter de revenir à «comme c’était avant», mais la place pour certains changements a été créée.

Cette situation exceptionnelle agit comme une piqûre d’humilité face à notre insouciance énergétique.

En l’espace de quelques semaines, nous avons trouvé une certaine motivation, certes contrainte, à repenser nos déplacements, nos voyages, notre travail et nos priorités. Avec stupeur, on s’aperçoit que ce n’est pas une baisse de 1% de notre consommation qui tue, c’est le virus.

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