Energies fossiles et climat: une année olympique

L’année 2020 a débuté sur les chapeaux de roues. Du côté climatique, l’Australie a ouvert les feux. Bien que les énergies fossiles génèrent la quasi-totalité du CO2, les douze prochains mois devraient battre tous les records de consommation de pétrole, de gaz et de charbon.

Dans l’univers gazier, la Russie devrait tenir la vedette. Avec un accord de cinq ans fraîchement paraphé avec l’Ukraine, Gazprom pourra de nouveau livrer son gaz à l’Europe via la route de Kiev. En compensation, Moscou s’engagera à verser 7 milliards de dollars à l’Ukraine.

Dans la hotte du Père Noël du président Poutine, on retrouve également l’abandon d’une plainte ukrainienne de 12,2 milliards de dollars contre le géant russe Gazprom, un échange de prisonniers, trois nouveaux gazoducs et l’opportunité de mettre un terme à l’embargo européen à la suite de l’annexion de la Crimée. La dépendance européenne au gaz russe autorise ce pragmatisme malgré l’opposition de Washington.

 

Le rôle des fonds d’investissement

Si le gaz naturel est sous les feux de la rampe pour ses émissions de méthane et de CO2, sa reconversion en plastique ouvre de nouveaux débouchés. Les prévisions tablent sur un doublement de la production mondiale de plastique dans les années à venir, notamment pour assouvir les besoins des Coca-Cola, Pepsico et autres Nestlé.

Pour le pétrole, tous les yeux sont rivés sur la Chine, l’Iran ainsi que le schiste américain et l’inégalable compte Twitter de Donald Trump. L’appétit énergétique de Pékin n’a d’égal que sa croissance et devrait engloutir la moitié de la hausse de la demande mondiale.

En novembre, la réélection du président Trump pourrait faire perdurer le support inconditionnel des Etats-Unis aux énergies fossiles ainsi que les tensions avec l’Iran. Une victoire démocrate favoriserait les énergies renouvelables et un retour aux Accords de Paris sur le climat.

Cependant, la prédominance du président américain est à relativiser. En effet, la puissance des managers de fonds d’investissement et particulièrement des deux mastodontes BlackRock et Vanguard dépasse largement celle du locataire de la Maison-Blanche. Sur les 18 membres du conseil d’administration de BlackRock, six baignent dans l’or noir. Même si les pertes pétrolières de la firme se montent à plus de 90 milliards de dollars, toute l’industrie redoute un arrêt des investissements qui conduirait à une perte systémique de 2400 milliards de dollars d’actifs et sans compter le pétrole non exploité qui ferait grimper le potentiel manque à gagner à plus de 20 000 milliards de dollars.

On comprend ainsi mieux l’engrenage.

 

L’Iran et les Etats-Unis sur le podium

De plus, au niveau des pays importateurs, pratiquement rien n’est entrepris pour faire plier la courbe de la consommation. En 2020, le pétrole porte à merveille son habit estampillé «too big to fail».

Finalement, le charbon et les incendies australiens soulignent le paradoxe économique, énergétique et environnemental des pays riches. Le gouvernement du premier ministre, Scott Morrison, n’est pas prêt à abandonner les multinationales charbonnières. Alors que le pays compte 25 millions d’habitants, le soutien inconditionnel aux 37 800 emplois dans le charbon questionne. Aussi virulente qu’elle soit, cette catastrophe ne semble pas avoir la puissance nécessaire pour opérer un changement de cap.

Il en va de même pour la Chine et l’Inde, qui ont besoin du charbon pour assouvir les pulsions des consommateurs occidentaux.

 

Les incendies en Australie ne sont certainement qu’un avant-goût de ce qui nous attend ailleurs sur la planète. Pour l’instant, le taux de mortalité dû au réchauffement climatique pèse moins que la perception des avantages économiques à court terme. Cette année permettra-t-elle d’atteindre le seuil de douleur maximal qui déclenchera le début d’une transition ou d’une révolte énergétique?

2020 porte tous les indices d’une année olympique avec l’Australie comme terrain d’échauffement et l’air de Fukushima pour la cérémonie d’ouverture. L’Iran et les Etats-Unis devraient se retrouver sur le podium.

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