A 53$ le baril, le Pétrole va mieux, oui mais…
Le gratin du monde énergétique s’est rencontré au World Energy Congress à Istanbul, histoire de célébrer le lancement du nouveau gazoduc « Turkish Stream » qui reliera la Russie et la Turquie et de débriefer sur la hausse actuelle des prix du baril de pétrole.
Suite à l’annonce de l’OPEP d’une hypothétique baisse de la production, le baril est passé de 45 à 53$ soit une plus value de 750 millions $ par jour pour les pays producteurs et autant de moins pour les pays consommateurs. Si l’ambiance pétrolière est un peu plus décontractée, c’est la crispation qui l’emporte pour les années à venir.
Le CEO de Saudi Aramco, la compagnie pétrolière d’Arabie Saoudite, Armin Nasser balance entre optimisme et perplexité. «Ces dernières années, grâce à de sains investissements, nous avons bénéficié d’une production pétrolière sûre et constante. Je suis inquiet car nous pourrions avoir l’effet inverse dans la décennie à venir.»
En effet selon Wood Mackenzie, plus de 1'000 milliards $ d’investissements ont été reportés ou simplement effacés depuis 2014. Plus de la moitié des investissements en exploration pétrolière sont passés à la trappe.
M. Nasser a également plaidé pour «ne pas bloquer les investissements à long terme avec des pressions environnementales, règlementaires ou sociales car les ressources pétrolières sont de plus en plus difficiles et chères à extraire.»
Pour le Président Vladimir Poutine «la plus grand chute des investissements depuis 45 ans va créer des sauts imprévisibles des prix pour les années à venir.» Son pays fait largement les frais de la fluctuation impressionnante du baril depuis 2007. Si les pics sont une bénédiction pour le budget de l’Etat, les niveaux actuels offrent un moment de solitude pour l’économie russe.
Le CEO de BP, Bob Dudley tente une prévision: «le baril se devrait se stabiliser entre 50 et 70$ jusqu’en 2020 et j'espère que l’OPEP puisse régulariser le marché. Les producteurs ont vu qu’il n’est pas bon d’avoir un baril à 25$ ou à 100$. Ils tentent de trouver le prix optimum.»
Aujourd’hui, le pétrole et le gaz représentent 80% de la consommation énergétique mondiale et cette part de marché pourrait représenter 75% en 2040. La consommation actuelle est de 94 millions b/j et devra être poussée, en théorie, à 104 millions b/j en 2040. Sera-t-il possible d’atteindre cet objectif ?
Le Gazoduc Turkish Stream
En marge de cet événement, les présidents Vladimr Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont confirmé la construction du gazoduc Turkish Stream. Il permettra à la Russie de contourner l’Ukraine pour ses livraisons à l’Europe.
L'accord prévoit la construction de deux conduites d'une capacité de 15,75 milliards de m³ chacune sous la mer Noire d'ici décembre 2019. Ce gazoduc remplace l’ancien projet européen South Stream abandonné l’année dernière suite aux sanctions européennes. Le tronçon qui reliera l'Europe, s’il devrait être construit, sera à la charge des pays européens.
Le gazoduc Turkish Stream doit relier la Russie à la partie européenne de la Turquie et à la frontière grecque par le fond de la mer Noire. Le tronçon sous-marin du pipeline sera long d'environ 910 km. Le coût du projet est évalué à 11,4 milliards d'euros.