Syrie : Y aura-t-il une vie après Assad ?

Autrefois prospère et riche, la Syrie n’est plus qu’un champ de ruines où les victimes rythment les journées et les habitants trouvent le salut dans l’exile.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment cette guerre a-t-elle éclaté? 

Dans la complexité géopolitique, focalisons-nous sur deux éléments délaissés des médias: l’Energie et le Réchauffement Climatique. Pour imaginer une issue future à la Syrie, nul doute que l’équation devra les incorporer.

 

Bien sûr, l’écroulement de la Syrie dans une guerre civile multi-ethnique, peut être observé à travers les prismes de la folie du Président Bashar al-Assad, du Printemps Arabe, des luttes géopolitiques entre les grandes puissances ou une guerre de religions. Mais allons au-delà des évidences trop évidentes.

 

Agriculture : Sécheresses et disparition de l’eau

En remontant avant le grand basculement, on s’aperçoit que de terribles sécheresses ont totalement bouleversé l’Economie du pays alors que l’agriculture et le pétrole comptabilisaient à eux deux plus de 50% du PIB.

En l’espace de quelques années, ces deux piliers se sont effondrés.

Déjà dans une situation délicate, les ressources en eau diminuèrent de moitié entre 2002 et 2008. De plus, des sécheresses d’ampleurs inconnues de mémoire d’homme ont décimé le secteur agricole de 2007 à 2010.

Les productions de blé, de betteraves, d’orge ou de coton tout comme les élevages de poulets, de moutons et de chèvres rendirent l’âme.

Ces sécheresses ont forcé à l’exode de milliers des paysans Sunnites partis se réfugier dans les grandes villes Alawite. Cet exode Sunnite, ajouté aux migrants irakiens qui fuyaient leur pays, a ravivé les tensions avec la minorité Alawite, favorisée par le gouvernement Assad.

 

Le Pétrole

La Syrie a atteint son peak oil en 1996 à 610'000 barils/jour. Depuis, la production n'est qu’une lente agonie pour atteindre 385'000 barils/jour en 2010 et 210'000 en 2012.

Comme tout bon pays producteur de pétrole, l’essence était fortement subventionnée et vendue bien au-dessous des prix du marché pour représenter 15% des dépenses du Gouvernement.

En mai 2008, alors que les prix du baril atteignaient des sommets à 147$, le Gouvernement a dû renoncer à ces subsides. En une nuit, les prix des carburants triplèrent et le peuple fut contraint de partager son argent entre nourriture et essence.

Après la crise mondiale de 2008, le baril retomba sous la barre des 40$, asséchant du coup les finances du régime de Damas.

 

Le mix explosif: Agriculture & Pétrole

Autosuffisante en céréales et en quelques années seulement, la Syrie devint importatrice à hauteur de 1 million de tonnes en 2011-2012 et 4 millions de tonnes en 2012-2013. Pour les habitants, les prix de la nourriture de base doublèrent.

En effet, avec des revenus pétrolier en baisse, le Gouvernement Assad s’est retrouvé dans l’incapacité d’amortir la hausse des prix de la nourriture pour la totalité de sa population notamment des Sunnites plus pauvres que les Alawites.

Pour corser le tout, durant les 2 premiers mois de 2011, sur les 20 millions d’habitants, 80'000 enfants naquirent notamment dans les parties les plus pauvres du pays déjà affectées par les sécheresses.

L’incapacité de pouvoir acheter sa nourriture déclencha des protestations et une répression qui força les habitants à prendre les armes. La suite, on la connait.

 

Assad, l'Eau, le Pétrole et nous

Quel que soit le futur du régime Assad, lui ou son remplaçant ne pourra pas faire rejaillir le pétrole et l’eau, les piliers économiques du pays.

Comme le Yémen, la Syrie donne un probable indice de l’avenir des riches nations pétrolifères du Moyen-Orient.

Dans cette région, les records de température s’empilent et l’on commence à compter le nombre de barils de pétrole qui restent pour dessaler l’eau de mer, couvrir les budgets des Gouvernements et simplement maintenir la vie et les habitants sur des terres bientôt invivables.

Il est fort probable qu’une grande partie de la population devra immigrer vers des terres plus accueillantes.

 

Du côté de l’Europe ou de la Suisse, l’exemple syrien pourrait peut-être souligner l’importance de tendre vers l’indépendance énergétique et d’assurer l’approvisionnement alimentaire en comptant sur ses paysans. Il montre également la réalité de l'immigration des populations du Sud vers le Nord.

A voir la vitesse de l’écroulement de la Syrie et du Yémen, mieux vaut commencer à se préparer dès aujourd’hui.

 

 

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