Mais qui se soucie encore du climat?

La tenue de la COP sur les changements climatiques tombe vraiment mal. La priorité de l’instant n’est pas climatique, mais résolument géopolitique, économique et stratégique.

A la sortie de la pandémie, aucun pays ne veut rater le wagon de la croissance et, au demeurant, perdre une place dans le classement international du pouvoir.

Le réchauffement attendra et les dirigeants l’ont bien compris. Pour avoir la paix, il leur a suffi d’émettre un objectif zéro carbone assez lointain dans le temps. L’exemple de la pétrolière Arabie saoudite est particulièrement hilarant.

 

La bataille des grandes-puissances

Dans ce contexte, la non-présence de Vladimir Poutine et de Xi Jinping parle d’elle-même. La Chine ambitionne de ravir le leadership mondial aux Etats-Unis. Ça tombe bien. Le pays de l’Oncle Sam fait face à une déliquescence interne minée par les extrêmes de gauche et de droite, alors que les gaffes à répétition de Joe Biden sont aussi réussies que celles de Donald Trump.

La place du numéro un mondial vacille pendant qu’une nouvelle règle est entrée en jeu: la superpuissance, qui n’arrivera pas à suivre la consommation énergétique de l’autre, perdra.

De son côté, avec ses réserves de matières premières, la Russie tient le rôle de faiseur de rois. L’Europe vient de le découvrir. Les décisions gazières ne se prennent plus à Bruxelles, mais là où la lame est la plus tranchante: à Moscou.

 

Merci à l’Arabie Saoudite

Pour les autres pays, rester coincé dans les starting-blocks n’est pas une option.

Les stimuli économiques foisonnent et les énergies fossiles sont appelées à la rescousse pour soutenir la croissance. Sans charbon, les promesses d’un futur meilleur s’envolent, tout comme celle d’une réélection. La COP est un obstacle à éviter.

Heureusement que l’Arabie saoudite fait le nécessaire pour saborder une réunion dont les décisions doivent être prises à l’unanimité. L’architecte de ce processus ne pouvait être qu’un fou, un pétrolier ou les deux à la fois.

 

Nabilla : aussi populaire que Greta

A l’opposé des préoccupations géostratégiques, la jeunesse donnait l’impression d’une impulsion climatique nouvelle. On la pensait rangée derrière Greta Thunberg.

En réalité, sur Twitter, la Suédoise ne compte que quelques followers de plus que Nabilla et 250 millions de moins que Cristiano Ronaldo ou Kim Kardashian, les dieux d’Instagram. Entre une photo de Greta sur son voilier, une Ferrari de Ronaldo ou un sac Hermès de Nabilla, le couperet des likes est sans appel.

Pour ressembler à leurs dieux, les achats compulsifs sur Amazon ou Zalando explosent. Afin d’assouvir leurs pulsions, la nouvelle génération fait souvent appel au porte-monnaie de ses parents, ces boomers qui ont pourtant ruiné sans scrupule la planète avec leur viande, leurs voyages en avion et leurs gros SUV.

Et quand bien même ils ont de l’argent, les monnaies virtuelles sont presque exclusivement l’apanage des moins de 30 ans. Le minage du bitcoin émet plus de CO2 que les mines réelles.

 

Bla bla bla

Le jour où Nabilla, le bitcoin, le selfie sur une plage lointaine cesseront d’être cool, une page sera tournée.

En attendant, la priorité entre l’excessif et le nécessaire est clairement établie. A ce titre, la jeune génération est similaire à la précédente. Beaucoup de blabla mais au final, elle vit sous l’emprise du paraître et de la surconsommation, comme l’a souligné Bill Maher, l’humoriste américain.

Certes, Greta, pour les jeunes, ou le Danemark, pour les pays, sont des exceptions qui essaient de faire bouger les lignes. Mais aujourd’hui, pour la grande partie des nations et des habitants de la planète, la priorité n’est pas là. Le Black Friday de cette fin du mois en témoignera. C’est du côté de Taïwan que la Chine lorgne pendant que l’Europe prie pour que le gaz chauffe ses habitants durant cet hiver, espéré rigoureux par le Qatar.

Quand serons-nous avertis du fiasco de la COP? Au moment exact où son président frappera son marteau sur la table afin d’annoncer fièrement que cette 26e édition se termine sur un succès.

 

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