Les majors coupent dans les investissements pétroliers
En 2014, les majors pétrolières Total, BP, Exxon, Shell, Chevron, Conocco ont fortement coupé dans leurs investissements afin de garantir des dividendes élevés aux actionnaires. La mission des majors n’est pas d’extraire du pétrole, mais de générer un maximum de bénéfices.
Ainsi en 2014, les grands acteurs ont rivalisé d'ingéniosité, quitte à brader une partie de leur patrimoine, pour maintenir la dote de la mariée. Les investissements 2015 sont en chute libre et devraient permettre au marché de se rééquilibrer et aux majors de distribuer des dividendes.
Voici un tour de table de nos amis pétroliers:
Total
Le nouveau Directeur Général de Total, Patrick Pouyanné, a annoncé 2'000 suppressions d’emplois et une coupe drastique des coûts et investissements. Total termine 2014 avec un un chiffre d'affaires en repli de 6% à 236,12 milliards et un bénéfice de 12,84 milliards $. Une fois n’est pas coutume, Total devrait augmenter sa production grâce à la reprise d’un gisement aux Emirats Arabes Unis avec 2,3 millions de barils par jour, contre 2,15 en 2014.
Pour faire face au crash, Total a déprécié pour 7,1 milliards $ d'actifs dans les sables bitumineux au Canada, le gaz de schiste aux Etats-Unis et le raffinage européen.
En 2015, le géant français va couper 10% ses investissements (à 23 milliards $) en passant à la moulinette ses projets en Afrique de l’Ouest, en mer du Nord et dans les inévitables projets d'hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis véritable gouffres financiers.
BP
Le britannique BP a annonce des profits divisés par 6, de 23,4 milliards de dollars en 2013 à seulement 3,4 milliards $. Il faut dire qu’en 2013, l’anglais avait vendu sa coentreprise russe TNK-BP au groupe public russe Rosneft pour 12,5 milliards $. Forcément, ça influence un peu le bilan final. Mais en gros, BP a bien limité la casse surtout que le Groupe fait face à la justice américaine suite à l’accident de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique mais quelques milliards devraient suffire pour boucler la boucle.
Leur CEO Bob Dudley pense que « Nous sommes entrés dans une nouvelle phase pleine de défis, marquée par des bas prix du pétrole à court et moyen terme, et il prévoit de réduire les dépenses d’exploration, de repousser des projets mineurs dans l’approvisionnement, et de ne pas mettre en œuvre un certain nombre de projets dans l’aval et d’autres domaines ». Les dépenses en capital devraient en conséquence atteindre 20 milliards de dollars en 2015, contre entre 24 et 26 milliards prévus jusque-là, et après 22,9 milliards en 2014. Le CEO ne parle pas de réduire son salaire stratosphérique, ça veut dire que la situation est encore sous contrôle.
ExxonMobil
La santé du no1 mondial basé au Texas, USA est très bonne avec un bénéfice annuel de 32,52 milliards $ mais sa production est en recul de 4,9 % (4 millions de barils par jour) : la perte d’un gros deal à Abou Dhabi ; la suspension d’une minuscule partie de ses activités en Russie en raison des sanctions économiques, mais qui n’empêche pas le géant américain de continuer d’autres forages avec ses amis russes.
ExxonMobil a également reçu un chèque de 1,6 milliards de l’Etat Vénézuélien pour avoir été exproprié du pays en 2007 et ses activités dans la chimie (4,3 milliards de bénéfices) et l’optimalisation fiscale ont fait le reste.
ExxonMobil est la deuxième capitalisation boursière mondiale avec des actions évaluées à 382,3 milliards $, loin derrière Apple. On comprend pourquoi Exxon a besoin de cash pour payer ses dividendes.
Chevron
Chevron dévoile un bénéfice de 19,2 milliards $ (– 10 %).
Pour arriver à ce stade, le No4 mondial a dû dilapider ses actifs et sa présence à tous les échelons (exploration-production, raffinage, stations-service) pour garantir des dividendes importants à ses actionnaires.
Chevron, qui recherche la fortune dans les forages de schiste, notamment en Pologne, est en train de quitter ce secteur après avoir laissé une ardoise non conventionnelle pour une entreprise de ce type.
Royal Dutch Shell
L’anglo-néerlandais Shell affiche un bénéfice de 14,9 milliards $ (-9 % par rapport à 2013).
Le patron de Shell, Ben van Beurden, a trouvé la même formule que le patron de Total : réagir certes, mais « ne pas surréagir ». Il faut à la fois investir dans de nouveaux champs pétrolifères et soutenir la production des gisements anciens déclinant naturellement de 5 % par an sinon il risque d’y avoir une rupture dans la production et une perte de part de marché.
Une dernière nouvelle du marché. Après qui joue au yoyo, le baril qui est remonté à 59$ (+10$ en une semaine) et en train de replonger à 54$ à Londres et 48$ à New York.