Les États-Unis demandent à l'Ukraine de cesser ses attaques contre les raffineries de pétrole russes
Les États-Unis ont exhorté l'Ukraine à cesser les attaques contre l'infrastructure énergétique russe, avertissant que les frappes de drones risquaient de faire monter les prix mondiaux du pétrole et de provoquer des représailles de la part de Moscou.
Depuis l’attaque d’une dizaine de raffineries, sur les marchés les prix ont grimpé à plus de $87 à Londres et +$80 à New York. Pire, à la pompe, l’essence américaine dépasse les $3,50 le gallon (3,6 lt) ce qui raisonne comme une douce musique aux oreilles de Trump.
Le baril de pétrole grimpe
La Maison Blanche serait de plus en plus frustrée par les attaques effrontées de drones ukrainiens qui ont frappé des raffineries de pétrole, des terminaux, des dépôts et des installations de stockage dans l'ouest de la Russie, nuisant ainsi à sa capacité de production de pétrole. On parle d'une diminution entre 300'000 et 900'000 barils par jour selon les différentes estimations.
La Russie reste l'un des principaux exportateurs d'énergie au monde malgré les sanctions occidentales imposées à son secteur pétrolier et gazier. Les prix du pétrole ont augmenté d'environ 20% depuis janvier, atteignant $87 le baril, ce qui a entraîné une hausse des coûts du carburant au moment même où le président américain Joe Biden entame sa campagne de réélection sous la pression d’un Donald Trump et d'une inflation qui peine à descendre.
Washington craint également que si l'Ukraine continue de frapper les installations russes, dont beaucoup sont situées à des centaines de kilomètres de la frontière, la Russie ne riposte en s'attaquant aux infrastructures énergétiques dont dépend l'Occident. On pense à l'oléoduc CPC, qui transporte le pétrole du Kazakhstan vers le marché mondial, en passant par la Russie. Des entreprises occidentales, dont les américaines ExxonMobil et Chevron, utilisent cet oléoduc, que Moscou a brièvement fermé en 2022.
Cette semaine, Moscou a détruit un certain nombre d’infrastructures énergétiques en Ukraine, notamment des barrages et installations électriques.
Pour l'instant, l'Ukraine persiste
Olha Stefanishyna, vice-première ministre ukrainienne chargée de l'intégration européenne et euro-atlantique, a été interrogée sur la manière dont Kiev avait répondu aux appels de l'administration Biden pour mettre fin aux attaques contre les raffineries russes.
Elle a souligné "La partie ukrainienne a répondu, je pense, précisément en atteignant ses objectifs et en menant des opérations très réussies sur le territoire de la Fédération de Russie. Nous comprenons les appels de nos partenaires américains. En même temps, nous nous battons avec les capacités, les ressources et les pratiques dont nous disposons aujourd'hui."
D’ailleurs ce weekend, une nouvelle raffinerie russe a été touchée par l'Ukraine.
Une dizaine de Raffineries touchées
L'Ukraine a intensifié ses attaques aériennes ces dernières semaines. Cela fait également suite à un mécontentement croissant à Kiev face à ce qui est perçu comme l'approche ambivalente de l'Occident en ce qui concerne la réduction des revenus énergétiques de Moscou.
Selon un responsable du renseignement militaire à Kiev, les principales raffineries russes ont fait l'objet d'au moins 12 attaques depuis 2022, et d'au moins neuf cette année, ainsi que de plusieurs terminaux, dépôts et installations de stockage. L’Ukraine pourrait mettre en péril environ 60% des exportations russes.
Les objections américaines surviennent alors que M. Biden est confronté à une rude bataille pour sa réélection cette année et que les prix de l'essence sont en hausse, augmentant de près de 20% cette année pour atteindre plus de $3,50 le gallon.
"Rien ne terrifie plus un président américain en exercice qu'une hausse des prix à la pompe pendant une année électorale", a déclaré Bob McNally, de Rapidan Energy et ancien conseiller de la Maison Blanche en matière d'énergie.
L'Ukraine a régulièrement augmenté les frappes de drones au fur et à mesure que ses technologies progressaient. Les autorités ukrainiennes affirment avoir mis au point des drones d'une portée supérieure à 1'000 km et dotés de charges utiles capables d'infliger de graves dommages.
La semaine dernière, Kiev a lancé deux de ses attaques de drones les plus importantes et les plus étendues, avec des opérations qui ont permis de cibler sept installations énergétiques russes pendant plusieurs jours consécutifs.
L'objectif de ces "opérations spéciales" est d'entraver l'approvisionnement en carburant des troupes russes et de réduire le financement de l'effort de guerre du Kremlin, selon un fonctionnaire ukrainien impliqué dans la planification et la conduite des attaques.
Sources : Financial Times : Christopher Miller, Ben Hall à Kyiv, Felicia Schwartz à Washington, Myles McCormick à Houston. Publié le 22 mars 2024 dans FT.com