Les pétroliers préparent leurs armes à la World Petroleum Congress

 Les dirigeants du secteur pétrolier se sont réunis à la 24ème World Petrolum Congress à Calgary, en Alberta, dans le cœur du pétrole bitumineux canadien. Cette rencontre, qui se déroule tous les deux ans, procure un baromètre sur l'état de l'industrie et renseigne sur les thèmes de communication au niveau mondial. Ainsi, lors de la COP28, nous devrions entendre les pétroliers et les méthaniers venter les mérites des systèmes de capture de carbone. Si avec cela, le monde n'est pas sauvé, c'est à n'y rien comprendre.

Les 500 dirigeants, dont Darren Woods d'ExxonMobil, ont églement mis en garde contre les risques d'un abandon trop rapide des combustibles fossiles qui se traduirait par des revenus financiers en baisse.

 

De son côté, le prince Abdulaziz bin Salman, ministre saoudien de l'énergie, a tenté de saper les dernières prévisions de l'Agence internationale de l'énergie selon lesquelles la demande mondiale de combustibles fossiles atteindrait le Pic Oil d’ici à 2030, alors que les énergies renouvelables, moins chères et plus propres, augmentent rapidement.

Il est clair que si l’IEA annonce un pic oil, certains investisseurs vont réfléchir à deux fois à cautionner les forages.

 

Transition énergétique

Les raisons de la résistance à la transition énergétique sont nombreuses : le manque d'énergie et de développement dans de vastes régions du monde, le besoin d'une énergie sûre après le début de la guerre en Ukraine, les cris des multinationales multimilliardaires au sujet du fardeau des coûts et l'insistance des dirigeants politiques sur la nécessité à long terme de conserver les combustibles fossiles dans le bouquet énergétique mondial.

La résistance principale vient de la perte de revenus financiers.

 

Doute sur le pétrole

"Ce rassemblement marque un tournant pour une industrie qui a instauré un niveau de vie dépassant les rêves de tous ceux qui nous ont précédés et qui a causé des ravages à l'échelle mondiale qui menacent non seulement ce niveau de vie, mais aussi notre survie." selon Peter Tertzakian, directeur général d'Arc Financial et directeur adjoint de l'Arc Energy Research Institute

Il a rajouté une couche en soulignant : "Je les contredirais vigoureusement ce qui pensent avoir une réponse toute faite sur la transition énergétique. Nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous ne savons pas ce que les forces politiques, les forces technologiques, les forces des marchés des capitaux, des entreprises et de l'économie vont faire - ce qui sera économiquement viable et ce qui ne le sera pas, pour nous amener à cet état. Mais nous savons qu'il est impératif de parvenir à un état net zéro".

 

Une COP 28 sur le climat qui promet

L'American Petroleum Institute, qui s'oppose depuis longtemps à une transition énergétique, et l'organisation de défense financée par le gouvernement de l'Alberta, le Canadian Energy Centre, peut-être mieux connu sous le nom de War Room, ont également participé à ce congrès.

Mais lorsque les dirigeants mondiaux se rendront à la COP28, en décembre, dans l'espoir de parvenir à un accord pour préserver l'objectif de limitation du réchauffement, les dirigeants de l'industrie des combustibles fossiles s'opposeront à toute réduction de la production avant 2050.

La présidence du sommet par les Émirats arabes unis, dirigée par Sultan al-Jaber, qui est également à la tête de la compagnie pétrolière nationale d'Abou Dhabi promet d’être un sacre à l’industrie pétrolière et gazière.

À Calgary, les pétroliers ont également fait valoir qu'au lieu de tourner le dos au secteur pétrolier et gazier, le monde devrait tirer le meilleur parti de son expertise en matière de carbone et de séquestration de carbone. Le décors et les punchlines sont posés.

 

Le point de vue d'Al-Gore

Mais alors que le débat sur le rôle des technologies de capture du carbone dans le développement des combustibles fossiles s'intensifie - et que des économies telles que le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Japon tergiversent sur les objectifs écologiques - l'industrie profite de l'occasion pour faire valoir son point de vue.

Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et défenseur du climat, a fait part de l'inquiétude suscitée par la "mainmise" de l'industrie des combustibles fossiles sur les négociations mondiales des Nations unies sur le changement climatique "à un degré inquiétant".

La plupart des acteurs du secteur veulent "bloquer, retarder et empêcher tout ce qui pourrait réduire la vente et la combustion des combustibles fossiles", a déclaré M. Gore au Financial Times

"Il n'est tout simplement pas réaliste de croire qu'ils vont prendre l'initiative de résoudre cette crise.

 

Sources: Financial Times et the Narwahl

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