Les majors pétrolières génèrent des bénéfices records

Si vous avez tendu l’oreille lors de votre dernier plein d’essence à votre station favorite, vous avez dû entendre les bouchons de champagne exploser dans la quasi totalité des entreprises extractrices de pétrole.

Alors que le baril a dépassé la barre des $100, c’est la fête à tel point qu’elles augmentent le rachat de leurs actions, afin de faire monter les cours (et les bonus) artificiellement ainsi que les dividendes. Vous vous demandez où va une partie de l'argent de votre essence et comment les pétroliers finances les lobbies et les politiques? Tour d’horizon.

 

Pour ceux que les chiffres effrayent, il est à préciser que le business d’une major pétrolière n’est pas d’extraire du pétrole, mais de générer des bénéfices pour les distribuer aux actionnaires qui continueront à investir encore plus afin de continuer le cercle vertueux.

Plus le prix du baril est élevé, plus les marges sont grandes.

 

BP

Au premier trimestre, ses bénéfices se montent à $ 6,2 milliards au plus haut depuis 2008 et le double de l’année dernière. Ce montant ne comprend pas l’ardoise que doit le géant britannique dans sa sortie précipitée des gisements russes. L’entreprise va racheter pour 4,2 milliards de ses actions.

BP va investir jusqu'à  $ 23 milliards dans le système énergétique britannique d'ici à la fin de 2030. Sur 25 milliards de bénéfices prévus pour cette année, BP pense payer $1,5 milliard d'impôts sur ses bénéfices pétroliers et gaziers en mer du Nord cette année, ce qui est ridiculement bas.

Sir Keir Starmer, leader du parti d'opposition travailliste britannique, a déclaré que "les bénéfices de BP renforçaient les arguments en faveur d'une taxe exceptionnelle sur les profits pétroliers et gaziers de la mer du Nord britannique."

Bernard Looney, PDG de BP, lui a annoncé au Financial Times "qu'il comprenait que de nombreux ménages étaient "vraiment, vraiment en difficulté" et que le rôle de BP était de rendre de l'argent aux actionnaires (note : dont les ménages en difficulté ne font pas partie), y compris aux millions de retraités britanniques, de payer ses impôts et d'investir dans le système énergétique britannique."

 

Shell

L'entreprise a déménagé son centre de la Hollande vers l'Angleterre pour payer encore moins d'impôts. Déjà que la Hollande est un paradis fiscal!

Le bénéfice se monte à $8,7 milliards durant le premier trimestre. Shell parlait pas mal d'énergies renouvelables, mais bon, là on revient au concept de base.

La sortie de ses investissements en Russie va lui coûter $5 milliards et surtout des millions de barils de pétrole et de m³ de gaz.

 

Total Energies

Le groupe dégage $ 4,9 milliards de bénéfice sur le trimestre. L’entreprise va se racheter 3 milliards de ses actions, mais aussi maintenir la hausse des dividendes que la direction avait promise aux actionnaires. La France n'est-elle pas un paradis pour les actionnaires?

Pour faire passer la pilule aux automobilistes, à ses stations d'essence, le groupe a réduit le prix de vente. Certains appellent cela de la concurrence déloyale.

Total a souscrit dans ses comptes du premier semestre 2022 une provision de $ 4,1 milliard pour son retrait du projet de gaz naturel liquéfié, en Sibérie, dont l'entreprise détient 10% (21,64% en comptant ses parts dans le géant gazier russe Novatek).

 

ENI

Claudio Descalzi, le PDG de l’entreprise italienne, se réjouit d’un bénéfice de €3,27 milliards avec des extractions de 1,65 millions de barils par jour (-3 % par rapport à la même période 2021). Le gaz représente 930 millions de bénéfices.

Ce mois-ci, Eni a conclu un accord pour augmenter les importations de gaz par gazoduc en Italie depuis l'Algérie jusqu'à 9 milliards de mètres cubes par an d'ici 2023-24.

En Égypte et en République du Congo, le groupe énergétique italien vise à augmenter les exportations de gaz naturel liquéfié de 3 milliards et 4,5 milliards de mètres cubes par an, respectivement.

 

ExxonMobil

L'Américaine enregistre son meilleur trimestre depuis 2012 avec $5,5 milliards qui inclus <insérez un roulement de tambour ici> 3,4 milliards de pertes de ses actions dans en Russie. Le gisement sibérien de Sakhalin-1 extrait 220’000 barils par jour.

Le chiffre d’affaires a grimpé à $90.5 milliards. Les dépenses d'investissement et d'exploration d'Exxon au premier trimestre ont totalisé 4,9 milliards de dollars.

Exxon a racheté pour 2,1 milliards de ses actions. L’objectif est de racheter pour 30 milliards d’actions d’ici à 2023, c'est dire si le système est lucratif.

"Nous avons eu un trimestre solide si l'on considère la performance sous-jacente de l'entreprise, en laissant de côté les impacts temporaires liés à la météo et au calendrier, et nous poursuivons sur notre lancée au deuxième trimestre", dixit Kathy Mikells, directrice financière d'Exxon.

 

Chevron

la deuxième plus grande major pétrolière américaine annonce un bénéfice de $ 6,5 milliards soit 4 fois plus que la même période en 2021. Comme Exxon, c’est le meilleur trimestre depuis 2012 avec un chiffre d’affaires de $54 milliards. Le PDG, Michael Wirth annonce des dividendes de $3,36 par action.

Dans le gisement de schiste du Bassin Permien s’élève à 692’000 b/j (+15%).

Aux USA, le président américain Joe Biden a appelé les producteurs de pétrole nationaux à accélérer la production afin de faire baisser les prix à la pompe, qui alimentent l'inflation la plus élevée que l'Amérique ait connue depuis 40 ans. Joe met sur le marché 1 million de barils par jour de pétrole de la réserve stratégique. Durée: 180 jours.

Pour terminer, laissons le dernier mot à Nancy Pelosi:  "Les grandes compagnies pétrolières ont profité et exploité le marché... elles s'accaparent la manne tout en maintenant des prix élevés pour les gens à la pompe".

 

 

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