Faut-il s’attendre à une flambée des prix de l’énergie?

Il y a eu un coup de chaud, jeudi après le début de l’attaque russe. Mais la guerre a eu un effet limité sur les marchés. Les variations quotidiennes sont surtout dues à de la spéculation. Nous sommes confrontés, cependant, à une montée des prix de l’énergie généralisée qui est surtout due, en résumé, à la diminution des ressources disponibles et à l’augmentation de la demande.

Il était attendu, par exemple, que le pétrole passe la barre des cent dollars par baril durant l’été car les producteurs sont incapables d’en extraire assez. L’invasion n’a fait qu’accélérer ce processus.

 

Essence, Mazout, électricité vont donc augmenter ?

Oui. Pour les particuliers, l’électricité ne va pas augmenter brutalement du jour au lendemain car les fournisseurs achètent deux à trois ans à l’avance. Mais pour les entreprises qui ne l’ont pas fait ça va être très dur.

 

L’Europe est dépendante du gaz russe. Poutine pourrait-il fermer le robinet ?

Il n’a aucun intérêt à le faire car il a besoin des devises. Et inversement, les occidentaux ne vont pas prendre de sanctions trop sévère de peur que la Russie stoppe ses livraisons de gaz et de pétrole. L’Europe ne peut se passer du premier et la hantise de Joe Biden est que le prix de l’essence augmente alors que les élections de mi-mandat approchent.

 

Les sanctions sont inutiles?

En ce qui concerne le domaine énergétique, c’est du vent. De plus, depuis 2014 et l’invasion de la Crimée, Poutine prépare son pays et son économie à ces sanctions. La Russie a vendu les dollars qu’elle détenait, et négocie désormais dans d’autres devises avec la Chine, notamment. Elle a développé son propre système Swift pour les transaction bancaires.

Pendant ce temps, l’Europe ne s’est préparée à rien. Elle aurait dû réduire sa dépendance énergétique en investissant massivement dans une production locale, avec de l’éolien et du photovoltaïque.

 

L’énergie est au cœur de ce conflit?

La guerre en Ukraine montre bien le basculement géopolitique que nous vivons, un basculement de la puissance militaire à la puissance énergétique. Ceux qui ont de l’énergie peuvent choisir à qui la vendre et se créent ainsi des dépendances.

Or, dans un esprit libéral assez dogmatique, l’Europe – la Suisse en tête - a choisi en 2008 d’arrêter les achats anticipés de gaz pour faire jouer la concurrence de semaine en semaine. C’est une stratégie intéressante quand tout va bien mais qui s’effondre dès que les prix commencent à monter.

 

Mais en faisant jouer la concurrence on fait baisser les prix?

L’Europe est dépendante à environ 40% du gaz russe. Elle estimait que d’autres pays pouvaient compenser les 60% restant. Mais les autres fournisseurs, comme le Qatar, ne peuvent pas assurer cette demande supplémentaire.

L’Europe qui n’a pas de ressources sur son sol s’est tiré une balle dans le pied. C’est une énorme erreur stratégique dont profite la Chine qui a fait l’inverse. Elle a signé des contrats pour des décennies avec l’Iran, la Russie, des pays africains, avec tout le monde, en fait. Son approvisionnement est durablement garanti.

Le même schéma se répète avec l’uranium. Pour construire de nouvelles centrales nucléaires, il faut garantir l’accès à la ressource pour des décennies. Pour l’Europe ce n’est plus le cas.

 

Tirée de l'interview de Laurent Horvath réalisée par Alexandre Beney, publié dans le Nouvelliste, du 26 février 2022
 

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