L’Algérie pense à son après pétrole et gaz
Alors que le Président Macron a balayé d’un revers de main toute transition énergétique et que le Suisse en a fait de même, du côté des pays producteurs de pétrole et de gaz, il souffle un vent de changement et d'urgence. L'Algérie est un excellent exemple.
Après des années de vaches grasses, la baisse de la demande pétrolière et gazière, suite au Coronavirus, impacte les budgets des gouvernements. Depuis, Alger se découvre une nouvelle ambition avec son lancement dans la production et la distribution d’hydrogène à partir d’énergie solaire.
L'Algérie a créé un ministère de la transition énergétique afin d’explorer cette opportunité et a placé Chams Eddine Chitour à sa tête. Le professeur cible 2030 pour ajouter l’hydrogène dans le mix énergétique.
Utiliser les réseaux de gaz actuels
L’idée est intéressante, car le maillage de gazoducs, qui achemine le gaz, pourrait être modifié afin de livrer de l’hydrogène aux pays européens et l’incontournable France. Mais avant d’y arriver, l’Algérie fait face à certains obstacles.
Le premier réside dans l’inertie du pays et de sa corruption. Les pontes du pétrole et du gaz, de l’entreprise nationale Sonatrach contrôle le pays grâce aux pétrodollars. Il est vrai que ce membre de l’OPEP compte presque entièrement sur les rentrées en pétrodollars pour son budget.
Il faut avouer que la Sonatrach (Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures) n’a pas la réputation pour insuffler un vent d’innovation dans le pays.
Energie Solaire
Bien que l’Algérie soit baignée par le soleil, cette énergie représente à peine 1% de l’énergie produite sur les 15,6 gigawatts consommés.
Dans les faits, le gaz règne en maître. Depuis 60 ans, Alger se suffit des découvertes pétrolières et gazières du Sahara.
La crise du Covid et la chute des prix auront bousculé les certitudes d’autant que la demande intérieure en électricité explose. Fortement subventionné, le gouvernement doit réserver une partie toujours plus grande de son budget pour satisfaire la boulimie électrique de ses habitants alors que les rentrées financières se sont réduites. Cette tendance est désastreuse et une transition vers l’hydrogène semble être une diversification nécessaire du business model afin de diversifier les sources revenus.
Trouver des financements et éviter la Chine
Le pays va devoir trouver des fonds tant pour financer les actifs ainsi que pour compenser le décalage entre les coûts d’installations et les retours futurs.
Dans ce contexte, une lueur d’espoir brille. Dans les 5 années à venir, le prix du pétrole et du gaz devraient se maintenir à des prix élevés. Alger pourrait utiliser une partie cette plus-value afin d’assurer, étape après étape, son avenir.
Selon McKinsey, l’Algérie a le potentiel de livrer par bateau, à l’Allemagne, de l’hydrogène à moins de 2$ le kilo. A ce prix, l’hydrogène est presque compétitif avec l’essence. De plus, l’Algérie possède une grande expérience dans la livraison d’énergie. Elle pourra s’appuyer sur ce sérieux et sa fiabilité pour convaincre.
Finalement, la jeunesse demande des emplois et la diversification hors du pétrole et du gaz, pour autant que ces emplois ne sont pas confiés à la Chine, pourrait être une option.
La transition énergétique hors du pétrole et du gaz semble bien plus urgente pour les pays exportateurs de pétrole et de gaz. Le réveille des pays consommateurs pourrait être intéressant.