Des drones paralysent le Pétrole d'Arabie Saoudite
Les Houthis du Yémen ont revendiqué l’attaque de 2 sites pétroliers stratégiques en Arabie Saoudite. Il semble qu'une dizaine de drones auraient touché la plus grande station de pétrole brut capable de gérer plus de 7 millions barils par jour (b/j) à Abqaiq ainsi que le champ pétrolier de Khurais à 750 km de la capitale Riyad. Ces petits engins ont réussi à paralyser la moitié de la production pétrolière du pays.
Au-delà d'imaginer qui est le responsable et quelle sera l’influence sur les cours du baril, il est intéressant de s’attarder sur l’impact de cette attaque au sein du Royaume.
Etrangement, cet incident est intervenu une semaine après l’annonce du Prince hériter, Mohamed bin Salman de nommer son demi-frère, le Prince Abdulaziz bin Salman, Ministre de l'Energie, afin de remplacer l'ancien ministre, le puissant Khalid al-Falih. L’objectif est la mise en vente les 10% des actions de la major pétrolière nationale Saudi Aramco d’ici à 2020 et de garder dans les mains familiales le processus.
L’opération devrait rapporter plus de 10 milliards $ au pays et aider au financement de la transition d’après-pétrole de l’Arabie.
Il va sans dire que cette poignée de drones va refroidir l’enthousiasme des investisseurs. Même si la major a engrangé plus de 110 milliards $ de bénéfices en 2018, l’opération n’est pas anodine et la prime de risque devra être payée par Riyad.
Les attaquent deviennent chirurgicales
Au-delà de toute spéculation sur les auteurs Houthis, l'Iran, ou une autre organisation, (l'histoire montre que l'évident n'est souvent pas la bonne piste), on constate que les attaques de drones augmentent en précision, que les cibles choisies sont de plus en plus stratégiques et les dégâts financiers augmentent. D’une forteresse, l’Arabie Saoudite s’est transformée en château de sable, menacé par des engins qui ne coutent qu’une dizaine de milliers de $.
Ainsi le 14 mai, une attaque de drones, dans la région de Riyad, avait touché deux stations de pompage d’un oléoduc. Le 17 août, dix drones avaient provoqué un incendie dans le champ de Shaybah.
Les drones utilisés, de type UAV-X iranien, ont l’avantage de passer entre les mailles des boucliers anti-missiles américains Patriot. Leur portée, de plusieurs centaines de km à 1'500 km, devient une menace sérieuse sur tout le territoire. Sans capacité GPS, les drones utilisent probablement une latitude et une longitude spécifiques pour toucher leurs cibles et ne peuvent pas être contrôlés une fois hors de portée radio.
Là, où un missile serait intercepté, le drone passe allègement entre les mailles. Actuellement, seul le système de défense antiaérienne russe Pantsir S-1 se préoccuperait de ce genre d’engins.
Saudi Aramco est le moteur de l’Economie de l’Arabie Saoudite
L’attaque de ce weekend dévoile la faiblesse du système pétrolier saoudien. En centralisant les processus et en mettant la moitié de ses oeufs dans le même panier, la centrale d'Abqaid se relève comme le tendon d’Achile de Riyad.
Si la quantité permet de réduire les coûts, sa taille a le potentiel de paralyser le pays. Ainsi avec quelques drones, la moitié de la capacité de production du pays est à terre. Les réparations pourraient durer de quelques jours à plusieurs semaines et les réserves devraient suffire à combler ce vide. Cependant, il n’est pas illusoire de penser, que d’autres drones pourraient infliger des dégâts encore plus sérieux.
A n’en pas douter, ces drones vont être une monnaie d’échange utilisée par les Houthis, l’Iran ou une autre organisation. Dans les mois qui viennent, une inflexion devrait se produire dans la guerre au Yémen ou dans la position des américains face à Téhéran. Reste à connaître l'avis de Donald Trump, lui qui vient justement de se séparer de son va-t-en-guerre John Bolton.
Reste à connaître l'avis de Donald Trump, lui qui vient justement de se séparer de son va-t-en-guerre John Bolton pour renouer le dialogue avec l'Iran.
Ces attaques montrent également la fragilité de l’équilibre géopolitique au Moyen-Orien. Avec l’embargo américain, l’Iran devait ressortir affaibli et le grand perdant des pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient.
Aujourd’hui, Riyad et Téhéran se retrouvent à nouveau sur la même ligne de départ, alors qu'en Occident, nous faisons le plein de nos voitures avec toujours la même insouciance.