Energies, Economie, Pétrole et Peak Oil: Revue Mondiale Mai 2017
Le 1er de chaque mois, retrouvez un tour du monde des Energies. A l'agenda:
- Trump: restera, restera pas dans l'Accord sur le Climat
- Arabie Saoudite: des promesses d'achats pour 348 milliards $ aux USA
- OPEP: encore 9 mois de réduction de la production
- France: Le premier ministre ancien lobby d'Areva
- Chine: Objectif 50 millions d'utilisateurs de vélos libres
- Danemark: Dong Energy propose un éolien sans subvention
- USA: Le dernier réacteur Nucléaire de Three Mile Island va fermer
Suite à la rencontre de l'OPEP de ce mois et la tentative de faire remonter le baril, rien ne se passe. Le pétrole termine le mois à 51,84$ à Londres (51,73 avril) et 49.66$ à New York (49.33 avril).
L'uranium boude. Il redescend à 21.50$ (22.75$ avril).
Si une nation ne produit pas assez d’énergie locale afin de supporter la demande de ces citoyens, alors elle doit mendier, acheter, échanger ou la voler à quelque part, ou faire face à son écroulement ou la famine jusqu’à ce que le nombre d’habitants atteigne un niveau durable. Loi fondamentale sur la survie nationale, a méditer.
La France a un nouveau Président
Monde
Le monde attend la décision de Donald Trump: sortira ou sortira pas de l'Accord sur le le Climat de Paris? Si les USA devaient se retirer, cela pourrait être une excellente nouvelle pour l'Europe et la Chine qui auraient l'occasion de profiler leurs entreprises dans le secteur des énergies du futur. Si les USA restent, les puissants lobbys du charbon, du pétrole et du gaz pèseront de toutes leurs forces sur le frein. A choisir, mieux vaut partir avec des gens motivés, les autres suivront.
Annuellement, la demande mondiale de pétrole est de 34 milliards de barils soit 5'400 milliards de litres ou 2 millions de piscines olympiques. Alors que le peak oil est tourné en dérision par certains, il n’y a pas besoin de faire plus de mathématique pour comprendre qu'à ce rythme, cette matière première s'épuise gentiment, mais sûrement.
L’Agence Internationale des Energies Renouvelables dénombre 9,8 millions d’emplois dans les énergies renouvelables à travers le monde en 2016 soit deux fois plus qu’en 2012 où l’on en comptait déjà 5 millions.
OPEP
Les pays membres ont décidé de reconduire pour 9 mois la réduction de production entamée en novembre. La baisse de 1,8 million b/j (barils/jours) durera jusqu’en mars 2018 et pour l’instant cette diminution est compensée par l’augmentation de la production américaine, de la Libye et du Nigeria.
La nouvelle aurait dû faire remonter les prix, mais comme chat craint l’eau froide, les investisseurs demandent pour voir.
Dessin Chappatte
USA
Si les réalisateurs des séries West Wind ou de House of Cards avaient décrit le Bronx qui règne à Washington, tout le monde aurait roulé les yeux. Là, on roule les yeux, mais ce n’est pas une série.
Après 100 jours à la présidence du pays, Donald Trump a réussi l’exploit de faire passer Georges W. Bush Junior pour un type intelligent. La grande crainte est de voir Mike Pence, l'actuel vice-président et futur Président de faire passer Trump pour un gars brillant.
Durant le premier trimestre, la capacité des nouvelles éoliennes ont atteint 2'000 MW. Le Texas est le lieu de prédilection. L’éolien produit le 8% de l’électricité des USA
Le pape François a réservé un geste fort pour les caméras lors de la visite du Président Trump au Vatican. Il a en effet offert à Donald Trump son encyclique Laudato Si’, «sur la sauvegarde de la maison commune», un texte marquant l’engagement de l’Eglise dans la lutte contre le changement climatique. François a également demandé à Mélania: qu'est-ce que vous lui donnez à manger? Trop fort ce Pape !
En 30 ans, les USA ont importé 91,2 milliards de barils de pétrole de 80 pays différents dont le Canada qui tient la tête du palmarès avec 17,3 milliards de barils.
La consommation électrique du pays stagne. L’arrivée des LED, des appareils moins énergivores et la baisse de la production industrielle sont les principaux facteurs. De son côté la consommation pétrolière a diminué de 2,4% sur les 12 derniers mois.
Murray Energy va fermer l’une de ces centrale et mine à charbon ainsi que licencier 255 employés dans l’Illinois. Les prix du gaz font des ravages parmi le charbon.
Puis que l'on parle de fermeture. La fameuse centrale nucléaire de Three Mile Island fermera en 2019 selon son propriétaire l'entreprise Exelon. La centrale, qui n'a plus qu'un réacteur en service depuis l'accident qui a vu le coeur de son autre réacteur fondre partiellement le 28 mars 1979, emploie 675 personnes. Le groupe exploite 23 réacteurs nucléaires aux Etats-Unis et fait face à des problèmes de rentabilité à cause du gaz de schiste et aux énergies renouvelables bien plus économiques.
Douze centrales nucléaires américaines ont fermé ces dernières années et il reste 99 réacteurs en activité. Le business du nucléaire réside dans son démantèlement.
France
La puissante industrie du nucléaire a réussi à placer une pièce maitresse au sein du Gouvernement. Édouard Philippe, le premier ministre, est un ancien employé d’Areva. Son activité principale était de s’assurer de la collaboration de parlementaires acquis au lobby de l’atome Il avait voté contre la loi de transition énergétique et contre la loi sur la biodiversité.
Total pense qu’un tiers des voitures produites d’ici à 2030 seront électriques. La demande pour le pétrole devrait atteindre son peak en 2030.
Avec 5,6 millions de véhicules vendus en 2016, le marché de l’occasion français est, en volume, deux fois et demi plus important que celui des voitures neuves.
La Commission européenne autorise EDF à prendre le contrôle d’Areva NP, la filiale du groupe nucléaire, rebaptisée New NP, qui assure la conception et la fabrication des réacteurs français (EPR, Atmea), mais aussi la maintenance de plus de la moitié des centrales dans le monde. En pratique, l’Etat français a simplement transvasé les actifs d’une entité à une autre. Aucun concurrent ne s’est offusqué de la transaction tant les comptes d’Areva sont dans le rouge et que le géant français ne fait peur à plus personne.
Le président Macron a croisé le fer avec Trump. Il n'y avait tellement rien à dire sur cette rencontre que les médias se sont focalisés sur une poignée de main digne des bacs à sable quand on était gamin.
Chine
On dénombre 16,9 millions d’utilisateurs de vélos partagés en Chine, un chiffre qui devrait grimper à 50 millions d’ici à la fin de l’année. Le vélo regagne des parts de marché face aux voitures engluées dans les bouchons.
Les clowns de l’agence de notation Moody ont mis leur nez rouge avant de descendre le niveau de rating de la Chine de A1 à Aa3. Motif : la croissance chinoise est en baisse.
On parle beaucoup de l’OPEP pour la stabilisation des cours du pétrole, mais la Chine pourrait être le facteur le plus influent. Sur la croissance de la demande pétrolière mondiale de +1,3 million b/j cette année, la Chine gobe 400'000 barils/jour.
Avec une consommation de 12,3 millions b/j, le pays du milieu s’est lancé sur les traces des USA tandis que sa production interne ne fait que de chuter -500'000 b/j en 12 mois. La Chine aurait-elle atteint son peak oil?
Cependant, les problèmes de dettes pourraient pourrir la croissance du pays. A vrai dire, sans la consommation de la Chine, le marché pétrolier ne peut pas survivre.
Arabie Saoudite
Lors du World Economic Forum en janvier, le ministre du pétrole, Khalid Al-Falih avait annoncé que grâce aux coupes de l’OPEP et de la Russie, la situation serait sous contrôle d’ici à juin 2017. Visiblement, le grain sable dans la machine s’appelle pétrole de schiste américain.
Afin de résoudre les tensions militaires aux Moyen-Orient, Donald Trump a une solution : vendre pour 100 milliards $ d’armes à l’Arabie Saoudite. Rien que le dire, ça va déjà beaucoup mieux.
Le Royaume a déjà fortement puisé dans ses réserves financières pour survivre. Des coupes dans le budget sont effectuées pour freiner la tendance. Les promesses de dépenses de plus de 348 milliards $ faites à Trump tombent de nulle part et pourraient simplement être un effet de communication sans lendemain, le temps d'un tweet.
Europe
Allemagne
La ville de Stuttgart, cœur de l’automobile allemande et la ville la plus polluée du pays, a confirmé son intention de restreindre sous conditions et les jours de pics de pollution, l’accès au centre-ville à tous les véhicules diesel antérieurs à la norme Euro 6.
En campagne pour sa réélection, Angela Merkel se positionne comme la seule à pouvoir faire face à Trump. Du coup, elle en a rajouté des tonnes avec la main sur le coeur de l'Europe. Est-ce que cette stratégie de communication lui permettra de remporter une victoire?
Suisse
L’industrie Hydroélectrique avait demandé des subsides sous prétexte d’une baisse du chiffre d’affaires. L’opacité de la comptabilité des acteurs de la branche ne permet pas de vérifier si effectivement les grands producteurs perdent de l’argent ou pas. Pour l’instant, le parlement a refusé cette aide ce qui a déclenché une nouvelle vague de larmes de certains politiciens très (trop) proche des milieux concernés.
Un sondage des banques souligne que 95% des Suisses font confiance à ces mêmes banques. Ils les estiment solides avec du personnel compétent et bien formé.
C’est plus qu’avant la crise de 2008 (juste avant qu’une des banques «solide» se fasse sauver par les impôts des mêmes gens qui ont été sondés… Pas rancunier le Suisse quand même. Les amendes records du Crédit Suisse et de l’UBS ne semblent également pas perturber les helvètes.
Glencore compte 155'000 collaborateurs et a choisi de s’établir en Suisse. Bref, ce serait ballot de détruire la planète et de devoir en plus payer des impôts! L’entreprise minière traite plus de 90 matières premières dont le cuivre, le cobalt, le charbon et le pétrole.
Cependant, ce géant est sous le feu des critiques pour prendre des largesses au niveau environnemental, des violations des droits humains et sur la santé notamment dans ses mines en Colombie, en Argentine, au Pérou et en Bolivie. Son CEO, Ivan Glasenberg, écarte tout ça de la main avec un «Nous sommes une entreprise responsable et non des spéculateurs». Autant de sincérité de la part d'un personnage aussi éthique que Glasenberg est touchant !
Danemark
L'entreprise danoise Dong Energy vient de céder ses activités de production d'hydrocarbures au pétrochimiste suisse Ineos pour 1,16 milliard d'euros. Ainsi, le leader mondial de l’éolien offshore se désengage totalement des énergies fossiles.
Dong propose la réalisation de fermes d’éoliennes avec des systèmes de stockage sans demander des subsides, et montre que cette énergie devient concurrentielle face au charbon et à toutes les énergies fossiles.
Russie
Moscou respecte la diminution de production suggérée par l’OPEP (même si la Russie ne fait pas partie de l’OPEP) et a diminué de 300'790 barils sa production par rapport à octobre 11,247 millions b/j. La prouesse russe réside plus dans sa capacité à monter sa production à 11 millions b/j qu’à revenir à une production normale de 10,9 millions b/j.
Gazprom Neft souligne ses progrès dans le développement du champ pétrolier Novoportovskoye situé dans le cercle Arctique. Un peu plus de 35 millions de barils ont été produits avec 85 forages. On ne connait pas le prix de revient du baril.
Dessin Chappatte
Les Amériques
Les USA: Schiste
Le nombre de forages continue à augmenter : 885 (449 il y a une année).
La production pétrolière de schiste continue de croître aux USA. Si le Bassin Permien attire tous les investissements, les autres régions voient une déjà une diminution des quantités extraites et les entreprises ont du mal à s’adapter à la rapide chute de production des puits.
Venezuela
La pieuvre, Goldman Sachs, a acheté pour 2,8 milliards $ d’obligations de l’entreprise pétrolière nationale Petroleos de Venezuela SA. La Banque Centrale du pays a vendu ces obligations pour 865 millions $. Les fonds vautours américains sont de retour.
La résilience du président Maduro crée de plus en plus le chaos dans le pays. Les chiffres d’exportations pétrolières ne sont plus publiés. La National Oil Company n’arrive plus à acheter les diluants et produits chimiques qui permettent de liquéfier le pétrole très lourd du pays pour le transporter jusque dans les terminaux pétroliers.
La Russie a commencé à livrer du pétrole à Cuba pour remplacer les livraisons qui n’arrivent plus depuis le Venezuela.
De 1960 à 1989, Cuba recevait l’essentiel de son or noir de la Russie. Depuis Caracas et la Havane avaient trouvé un accord de troc médecins/pétrole. Dans la situation actuelle, Caracas n’arrive plus à honorer son accord.
De son côté, les USA exportent des quantités records vers les Caraïbes ce qui suggère que les pays qui importaient le crude vénézuélien ont quelques problèmes de livraisons.
Brésil
Ca sent de plus en plus le roussi pour le Président actuel qui pourrait devoir démissionner pour de sombres histoires de corruption.
La Chine s'intéresse de plus en plus au pétrole situé aux larges des côtes du Brésil.
Asie
Inde
Comme la grande majorité des pays, l’Inde ne va pas atteindre ses objectifs de réduction de CO2. Il y a deux ans le ministre de l’environnement avait introduit des niveaux de pollutions limites pour les centrales à charbon qui génèrent presque 80% de l’électricité du pays.
Ce mois, le ministre de l’énergie, Piyush Goyal, a annoncé que les 132 centrales à charbon, à 75% la propriété du gouvernement, n’atteindront pas ces limites et que pour l’instant rien n’a été fait. Motif: ce n’est pas à nous à faire des efforts, mais aux pays riches! On perçoit toute l’énergie positive dégagée par ce point de vue.
Par personne, l’Inde émet 1,59 tonne de CO2, 7,55 tonnes pour les chinois et 16,39 tonnes pour les fans de Trump.
Malaisie
Pour se conformer aux coupes de l’OPEP, la Malaisie stocke son pétrole dans une douzaine de tankers pétroliers au large de ses côtes.
Avec le prolongement de la diminution des quotas, l’équation semble contenir plusieurs inconnues.
Kazakhstan
Le pays pourrait produire 250'000 b/j de plus en développant de nouveaux forages d’ici à 2022. Le gisement de Kashagan, qui aura coûté la bagatelle de 50 milliards $, propulse actuellement la production du pays à 370'000 b/j
Moyen Orient
Iran
Les élections ont confirmé le président Hassan Rohani avec une majorité de 58% contre 37% pour son opposant un peu plus extrême.
Depuis la levée des sanctions, l’Iran a augmenté de 34% ses ventes de pétrole. Cependant une part de cette hausse provient de la vente de barils stockés sur des tankers durant les années de vaches maigres. Aujourd’hui, l’Iran n’a plus que sa production quotidienne à vendre et il semble que ses vieux forages trainent les pieds. Pour des raisons techniques, l’Iran ne devrait pas avoir de peine à limiter la production comme le demande l’OPEP.
Le ministre du pétrole, Bijan Zanganeh, annonce la mise aux enchères des gisements d’Azadegan, à la frontière avec l’Irak. Il pourrait être les plus juteux du pays. L’Iran espère attirer des investisseurs étrangers ainsi que des majors pour tenter de faire remonter la production et faire entrer des devises. Cependant, l’utilisation du dollar et la peur des banques européennes de faire du business avec l’Iran bloquent les ardeurs de chacun même si Dubaï permet de contourner les restrictions américaines.
Irak
Les norvégiens de DNO désirent doubler leurs activités pétrolières dans le nord du pays dans le territoire Kurde.
De nouvelles explosions ont fait de nombreux morts à Bagdad alors que la ville de Mossoul est toujours dans les mains de l’Etat Islamique.
Afrique
Nigeria
Le gouvernement vient de fêter 3 mois sans exposition et sabotage des installations pétrolières par les milices. Il semble que la taille et le contenu des petites enveloppes soient suffisants pour maintenir la trêve. Le Nigeria pourrait augmenter ses exportations si la situation perdure.
Pour la deuxième fois, le pays a réussi à échapper aux quotas de l’OPEP afin de limiter la production du pays.
Phrases du mois
Donnez-moi le droit d'émettre et de contrôler l'argent d'une Nation, et alors peu m'importe qui fait ses lois. Mayer Amschel Rotchschild
In the Energy sector, optimism is more important than facts. And, it’s essential for attracting investors. Alice Friedmann
The US will shoot itself in the foot if it quits the Paris climate accord because China, India and Europe will snap up the best power sector jobs in future, U.N. Environment chief Erik Solheim
Sources: avec Tom Whipple de Resilience.org, FT.com, Thomas Veuillet Investir.ch et toutes les informations récoltées dans différents médias à travers le monde.
{rokcomments}