Energies et Economie: Revue Mondiale Janvier 2014

Dans cette édition de l'inventaire mondial des Energies, vous trouvez:
- Pologne: le gaz de schiste déjà abandonné par les majors pétrolières  
- USA: downgrade de "Indépendance" énergétique à "Abondance"
- Ecosse: l'indépendance menace le pétrole de l'Angleterre
- Iran: les Russes achètent pour 1,5 milliards $ de pétrole
- Irak: Les Kurdes vendent leur pétrole aux Turques
- Chine: 22 millions de voitures neuves en 2013

Le pétrole a roupillé durant ce mois de janvier. Il reste stable à New York à 97,49$ le baril et perd 6$ à Londres pour arriver à 106,40$

L'uranium augmente de 1$ à 35.50$ en janvier 2014 (43.50$ la livre en janvier 2013).
Vous avez été 50'159 à visiter 2000Watts.org durant ce mois de janvier.

 

Monde

Le 26 septembre 2003, le prix du baril de pétrole touchait les 28,21$ à New York. Trois mois plus tard en janvier 2004, l'Administration de l'Information Energétique américaine (EIA) prévoyait que le prix du baril pouvait grimper à 32,80$ en 2010 et 35$ en 2025.  Aujourd'hui, le baril vaut 96$ à New York. Que dire des prévisions de l'AIE à 110$ pour 2025?

Les craintes de peak oil ressurgissent alors que le potentiel du pétrole de schiste sont revues à la (très forte) baisse.

 

Pologne

Aprèx Exxon en 2012, c’est au tour de l’Italien ENI de jeter l'éponge pour l’exploitation de gaz de schiste en Pologne. La compagnie italienne s’est pris des bouillons avec des forages pas très rentables. 
Du côté des experts américains: Chevron va continuer l’expérience pendant que Marathon Oil devrait rentrer au pays très prochainement. Il n’y a pas si longtemps encore la Pologne semblait promettre un eldorado aux explorateurs. Sur le terrain, des problèmes géologiques donnent des mots de tête aux ingénieurs et des nuits blanches aux financiers.

 

USA

La Commission de l’Energie et de Géopolitique Américaine vient de publier son : “Oil Security 2025: U.S. National Security Policy in an Era of Domestic Oil Abundance”. Le mot abondance a remplacé Indépendance. Ce tour de passe-passe avait déjà été utilisé en septembre dernier et devient officiel aujourd’hui. L’équipe d’Obama est consciente que les forages de schiste ont une durée de vie aussi limité qu'un hamburger devant un labrador. La patate chaude sera passée à son successeur.

Le prix du gaz est passé en deux mois de 3$ à 5.24$ m3 des prix jamais vus depuis 2010. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le 50% des américains qui se chauffent au gaz. 
De l’autre côté de la planète gaz, une pénurie gaz propane cette fois s’étend dans le Midwest où beaucoup de maisons sont chauffées avec ces bobonnes bleues. Bien que la production de propane ait augmenté de 27% durant les 5 dernières années, une bonne partie de ce gaz est utilisé pour faire sécher les céréales ! Il faut bien nourrir le bétail et produire de l'éthanol! 
Pour se protéger des pénuries, les livraisons ont été limitées à 400 litres ce qui permet d’éviter que certains ne stockent trop pendant que les voisins profitent des joies d'un hiver très rigoureux.

La nature est parfois très joueuse. L’hiver glaciale qui frappe les USA touche les centres de productions de schiste : le Nord Dakota et plus surprenant le Texas en personne.

Grâce au gaz, Obama dans son speech annuel, s'est targué d’avoir diminué les émissions de CO2 de 17% depuis 2005. Derrière cette annonce marketing, il faut noter que les 17% d'Obama sont calculés sur l’année 2005 alors que les autres pays du monde utilisent 1990 comme base de calcul. Il est à noté que le charbon qui n’est plus brûlé aux USA est exporté en Europe ce qui ne fait que transférer la pollution d’un pays à un autre. De plus, sous l'air Obama, les investissements dans les Cleantech ont fortement diminué. Les recherches dans les forages de schiste ont vu leur budget explosé à plus de 50 milliards $ en 2013. Tant que les présidents de nos pays se contentent de Marketing, la planète ne pourra débuter sa cure.

En cette fin de mois, le froid et la neige ont de nouveau sévi aux Etats-Unis, en semant le chaos cette fois dans les Etats du sud, peu habitués à ce type d'intempéries.

 

Californie

Après 3 années de sécheresse, les réserves d’eau sont descendues à 20% de la normale. De gros incendies ont ravagé plusieurs parties de l’Etat. Ce problème d’eau porte un gros frein au forage de schiste qui en consomme de grandes quantités.

 

Alaska - Arctique

Une décision de justice pourrait ruiner les espoirs d’exploitation pétrolière dans la mer de Chukchi et du Beaufort. Shell a investi 5 milliards $ depuis 8 ans dans ses recherches. Aoutch!

Ecosse

Alors que les citoyens vont se rendre aux urnes pour voter sur l'Indépendance de leur pays (le 18 septembre 2014), le Premier Ministre écossais Alex Salmond souligne que le 90% du pétrole anglais coule sous le sol et dans ses eaux territoriales.

On comprend mieux l'envie de Cameron de garder l'Ecosse dans le pays même si les hydrocarbures de la Mer du Nord fondent comme la neige au soleil (-25% en 2013).

 

Suisse

Pas de libéralisation totale du marché suisse de l'électricité avant 2016. La libéralisation intégrale du marché de l'électricité ne pourra pas entrer en vigueur l'an prochain comme l'avait prévu le Gouvernement. Les 800 entreprises électriques, qui couvrent le territoire, pèsent des deux pieds sur les freins afin de retarder l'échéance. La libéralisation effraie les managers des producteurs électriques qui tentent d'insuffler une once de créativité dans leur business plan qui se résume en ces mots: "vendre toujours plus d'électricité".

De l'autre côté, la Suisse serait bien la seule à vouloir ouvrir son marché électrique alors que la France consolide la position d'EDF pour garder la main sur un sujet aussi stratégique.

 

Russie

En plus de la Syrie, l’autorité Palestinienne du président Abbas désire conclure un deal de 1 milliard $ afin de développer les champs gaziers dans la bande de Gaza. Ce gaz fut découvert il y a 14 ans par les britanniques et jamais mis en production à cause des passe d’armes avec Israël. L’autorité d’un grand frère comme la Russie donne une légitimité à l’extraction. Le seul bémol, la bande de Gaza est dans les mains du Hamas. Décidément, rien n’est simple au Moyen-Orient.

 

Angleterre

La reine devra se serrer la ceinture, économiquement parlant. Les économies pourraient servir à assainir les bâtiments de la royauté pour en améliorer l’isolation. L’histoire ne dit pas comment la royauté a accueilli cette exigence d’efficacité énergétique réservée jusqu'à ce jour au bas peuple.

Thermographie de Buckingham Palace

Iran

Les pays occidentaux ont libéré 7 milliards $ bloqués avant les accords d’enrichissement d’uranium. La Russie, alliée de très longue date, met même la main au porte-monnaie pour acheter mensuellement 1,5 milliard $ de pétrole alors que la Russie est le deuxième plus grand producteur au monde ! Ce tour de passe-passe permet à Téhéran de bénéficier d’entrée d’argent malgré l’embargo.

Le président Rouhani peut compter sur une production pétrolière de 1 million de barils/jour pour renflouer les caisses du budget. C’est une motivation supplémentaire pour ralentir le programme nucléaire ou du moins le faire croire.

 

Oman

La production pétrolière exige de grande quantité de vapeur afin de faire remonter l’or noir. Comme il faut également désaliniser cette eau, vous comprenez l'équation: Eau + Gaz = Vapeur.
En chiffre, la conversion en vapeur consomme le 75% du gaz produit par Oman. C’est ballot de perdre autant d’argent pour produire du pétrole. Intelligemment, le gouvernement est en train de revoir la copie pour utiliser un peu moins de gaz et de le vendre au prix fort sur les marchés.

 

Syrie

Pour le compte de la Syrie, la Russie va commencer l’exploration de gaz dans le bassin méditerranéen. Si ce n’est pas de l’amour ça ! L’accord d’une durée de 25 ans donne les droits exclusifs à Gazprom d’exploiter les eaux territoriales syriennes. 


Irak

Les bombes et les violences s’intensifient en Irak où durant 2013, 8'000 personnes ont payé de leur vie le bourbier créé par les américains. Pour le seul mois de janvier, 1'000 vies ont été perdues.

Au nord du pays, au nez et la barbe du gouvernement de Bagdad, les Kurdes ont débuté leur exportation via la Turquie. Les revenus des 300'000 barils/jour vont aller dans l’ordre : aux promoteurs du pipeline, ensuite aux réparations des atrocités de Saddam Hussein et le solde sera finalement partagé avec Bagdad. Normalement, les kurdes reçoivent le 17% des revenus pétrolier du pays, mais depuis cette chamaille, le robinet a été entièrement coupé. Pour simplifier les choses, la province de Basra a également demandé de revoir à la hausse ses revenus pétroliers sinon il se pourrait que la production pétrolier puisse être fortement ralentie. Cette franche camaraderie ne pousse pas à combler le manque de production sur les marchés mondiaux.
Bagdad est également en train de mettre sur liste noire, toutes les entreprises turques pour les travaux sur le territoire. Si les kurdes arrivent à continuer à augmenter leurs exportations, ils vont être largement capables de prendre leur destin en main.

 

Soudan du Sud

C'est le foutoire au Soudan du Sud avec un nouveau bain de sang entre tribus. Sur les 11 millions d'habitants, 120'000 ont dû fuir les carnages. L'argent de la production pétrolière est principalement utilisé par le président Salva Kiir, afin de renflouer l'armée et jouer à celui qui a la plus grande. Avant le partage du pays (Nord et Sud) le pays produisait 500'000 barils/jour dont 350'000 par le Sud. Avec les carnages actuels, la production ne va pas pouvoir suivre.

 

Egypte

La situation semble tourner dans un combat existentiel jusqu'à la mort entre les Frères Musulmans et l'Armée.

La bonne nouvelle vient du gouvernement qui a remboursé des dettes de 6,4 milliards de $ aux compagnies pétrolières internationales. Ce payement de dette va aider le pays a relancer sa production pétrolière. L'argent pourrait provenir des pays arabes du Golf qui ont tout intérêt à voir l'Egypte se rétablir et éviter que des millions d'égyptiens fuient hors du pays.

 

Hollande

Le pays, pas le gars en scooter. La compagnie Shell a vu ses bénéfices reculer pour la première fois en 10 ans. L’entreprise s’est heurtée à l’augmentation des coûts de production, à une ardoise de 2 milliards $ dans le schiste au Texas, ses problèmes de forage dans l’Arctique ainsi que les coûts de raffinage.

 

Libye

C’est au tour des tribus du sud du pays (les Arabes, les Tebus et les Touaregs) de se chercher des querelles au point de déclarer l’état d’urgence et de faire appel à l’armée. Sous le régime de Kadhafi les contentieux étaient gérés de main de fer. Si aujourd’hui le gouvernement tente de maîtriser cette partie du pays, c’est qu’elle contient de grande quantité de pétrole.

La production est restée stable à 250'000 barils/jour en décembre 2013. Comme la consommation interne est de 110'00 b/j, il ne reste pas grand chose pour remplir les caisses du gouvernement. Kadhafi pouvait se frotter les mains avec 1,6 million de b/j.

 

Chine

La consommation électrique a augmenté de 7,5% en 2013 ce qui corrobore parfaitement la croissance du PIB de 7,5%. Comme Pékin génère 80% de son électricité avec des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), l’air des villes continuent de se péjorer.

22 millions de nouvelles voitures ont été vendues en 2013 soit le 25% du total des voitures neuves vendues dans le monde.

Depuis 2006, le gouvernement a triplé la quantité d’argent en circulation. Cet afflux massif a permis l’accélération de la croissance et également l’inflation qui a poussé les prix de l’immobilier dans des sphères stratosphériques. Si la bulle ne va pas exploser, à moi la peur !
Pékin continue ses emplettes pétrolières à travers le monde afin de satisfaire sa croissance annuelle de 7%.  Le Kazakhstan a augmenté ses livraisons de 14% en une année. Les chinois importent également toujours plus de gaz (+20% en un an) afin de diminuer leurs problèmes de pollution tout en maintenant leur taux de croissance insoutenable pour le climat.



Phrases du mois

Forte hausse des coûts d’exploitation, augmentation du déclin des forages en activité et la diminution des exports sont les 3 ingrédients pour un imminent problème de production de pétrole. selon Mark Lewis (ancien énergétiste à la Deutsche Bank)


« La théorie du pic pétrolier a atteint son pic » selon le CEO de BP, Bub Dudley. Selon lui, le pétrole non conventionnel va émerger et la demande pétrolière va diminuer.

Sources: avec Tom Whipple, resilience.org et toutes les informations récoltées dans différents médias à travers le monde

 

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  Pétrole Peak Oil
 Laurent Horvath
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