Fukushima Daiichi souffle 6 bougies: éclairage

Il y a 6 ans, la catastrophe de Fukushima avait détruit 3 réacteurs et dévasté l’industrie nucléaire mondiale. La vie de millions de japonais a basculé le 11 mars 2011.

Initialement, les coûts avait été estimés à 10 puis réévalués à 40 milliards $. Six ans après, le Gouvernement a déjà versé 70 milliards $ à Tepco, l’opérateur de la Centrale et l'ancien Premier Ministre Naoto Kan, estime que la facture devrait atteindre plus de 240 milliards $ payés en grande partie par les impôts des japonais. A ce jour la douloureuse atteint 183 milliards $.

Du côté nucléaire, les taux de radiations sont simplement effrayants.

 

Permettre aux liquidateurs de travailler

Dans le bâtiment du Réacteur 2, Tokyo Electric Power, Tepco, annonce une radioactivité ambiante de 650 millisieverts/heure à proximité du réacteur où les barres d’uranium ont fondu. A ce niveau, un homme est mortellement touché en une minute et les robots spécialement réalisés par Hitachi et Toshiba voient leurs systèmes informatiques grillés en 90 minutes.

Les informations dévoilées ces derniers mois permettent de mieux connaître l'état des réacteurs mais ne signifient pas que la situation s'est aggravée depuis 6 ans même si la catastrophe de Tchernobyl n’avait jamais atteint de tels niveaux radioactifs.

Du côté des Réacteurs 1 et 3, la radioactivité est tellement élevée qu’elle ne permet même pas aux robots de s’aventurer dans les bâtiments.

A l'extérieur des réacteurs, le niveau est de 5 millisieverts par heure. Pour permettre de travailler dans la centrale, le gouvernement a augmenté le taux maximal d’exposition à 250 mSw/an des 6'000 liquidateurs occupés à décontaminer, surveiller ou refroidir les réacteurs. A titre de comparaison, un travailleur européen du nucléaire est autorisé à supporter une exposition maximale de 20 mWs/an.

 

Attendre que la radioactivité diminue

Sous pression des experts internationaux, il aura fallu de longs mois à Tepco pour avouer que les centaines de tonnes de combustibles nucléaires des Réacteur 1, 2 et 3 avaient fondu et percé les cuves des coeurs des réacteurs. Naomi Hirose, President, TEPCO a présenté son méa culpa en juin 2016 pour avoir tardé à avouer la véritable situation.

Bien que personne ne sache réellement où l’uranium fondu des 3 réacteurs se trouve, Tepco espère que les enceintes de confinement en béton, situé sous les réacteurs, ont été capable de résister.

Naohiro Masuda, en charge du démantèlement et de la décommission des 3 réacteurs, espère pouvoir commencer à retirer l'uranium d'ici à 2021. Le processus devrait durer entre 20 et 30 ans. Mais pour l'instant, son plus grand défi est de trouver la balance entre le temps que chaque employé peut passer sur le site et le travail qui est à accomplir. Il estime que chaque réacteur comporte plus de 200 tonnes de matériaux nucléaire en fusion mélangé à des débris, du béton, du fer.

Le directeur actuel de la Centrale, Shundi Ushida confirme que la construction de sarcophages, comme à Tchernobyl, n'est pas une solution.

Tepco et les sous-traitants font face à une autre interrogation. Comment retirer le combustible en fusion? Cet défit n'a encore jamais été réalisé. La méthode ainsi que les machines restent à inventer.


Niveau de cancers à surveiller

Du côté de la population, selon l'une des référence sur la catastrophe de Fukushima, l'ingénieur nucléaire Arnie Gundersen de FaireWinds.org, pense que les cancers de la tyroïde, des organes et leucémie augmentent notamment auprès des filles et des mamans et pourraient toucher plus d'un million de personnes.

Dans ce chaos, un seul homme est resté: Naoto Matsumura. Depuis le premier jour, il s'occupe des animaux abandonnés par leurs propriétaires partis sans espoir de retour.

Paradoxalement, c’est dans cette ambiance radioactive que le Gouvernement incite (force) les anciens habitants à retourner vivre à proximité de la Centrale afin de réduire les coûts. Pour se faire, Tokyo va supprimer toutes les aides de ces 350'000 personnes parties et les forcer soit à retourner dans une région fortement irradiée soit à un exil définitif.

 

Refroidir les réacteurs

Comme depuis 6 ans, il faut continuellement et quotidiennement refroidir les réacteurs avec 300 m3 d’eau et le site a accumulé plus de 400'000 tonnes d’eau dans des milliers de réservoirs en attendant de pouvoir la décontaminer.

Des systèmes de filtration d’eau réalisés sur-mesure par Hitachi, Areva et Toshiba ont été installés pour tenter de diminuer la teneur radioactive, mais les éléments les plus virulents restent. Une solution pourrait être trouvée en déversant petit à petit cette eau radioactive dans le Pacifique.

 

Il faudra encore 25-30 ans pour peut-être voir la lumière au bout du tunnel en espérant que cela ne soit pas un autre train qui arrive. Pour l'instant, les japonais croisent les doigts pour que les Jeux Olympiques de 2020 ne soient pas mis en danger par une évolution défavorable de la Centrale.

Dans les autres pays du monde, on espère que pareille erreur humaine ne se reproduise pas.

 

 

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