Nucléaire: Le Suisse AXPO continue son partenariat avec la Russie
Alors que la Suisse va se retirer petit à petit de l'énergie atomique, Axpo, le groupe énergétique nucléaire zurichois, a annoncé vouloir renoncer à l’Uranium en provenance de l’usine de traitement des armes atomiques russes de Majak pour s'approcher du complexe militaire sibérien de Seversk.
Avec ce nouveau partenariat, Axpo pourrait saisir l'opportunité d'exporter en Russie ses déchets nucléaires générés sur le sol Suisse. Cette solution est nettement moins coûteuse financièrement pour le géant zurichois qui cherche à faire des économies.
Le 10 février 2010, Axpo avait finalement reconnu que de l'uranium enrichi en Russie utilisé dans la centrale nucléaire de Beznau Argovie, provenait de réacteurs de recherche ou de surgénérateurs russes. Axpo a également reconduit jusqu'en 2026 son partenariat avec le Russe Rosatom pour la livraison de combustible nucléaire pour ses centrales nucléaires.
De Majak à Seversk
Officiellement AXPO invoque le manque de transparence sur les conditions régnant dans cette région située à 2000 kilomètres de Moscou pour transférer son partenariat à Seversk.
"Axpo demandera au fournisseur français Areva de ne plus utiliser du combustible nucléaire de Majak tant que la chaîne de livraison ne sera pas totalement transparente. L’usine russe de Seversk prendra désormais le relais" souligne le communiqué de presse de l'entreprise.
Cependant, les conditions qui règnent à Seversk sont aussi catastrophique qu'à Majak. C'est dans cette usine qu'Areva stocke à ciel ouvert, ses déchets nucléaires. (lire sur ce sujet: Déchets Nucléaire: le cauchemar d'EDF)
Début octobre, une délégation d’Axpo avait visité l’usine sibérienne de Seversk pour se rendre compte des conditions de fabrication. L’accès à celle de Majak lui avait en revanche été refusé en juin. Le trust russe Rosatom avait motivé son «niet» par le fait que l’entreprise se trouve dans une zone militaire. Durant cette visite, la délégation d'Axpo avait pu découvrir les milliers de tonnes de déchets atomiques entreposés à l'air libre par Areva.
Bientôt des Déchets Nucléaires Suisses entreposés à Seversk?
Pour Axpo, il y a l'opportunité de pouvoir, au même titre qu'Areva, de pouvoir se débarrasser de ses déchets nucléaires. Le complexe russe stocke, à l'air libre, depuis de nombreuses années les déchets français d'Areva. Les containers peuvent être vu sur Google Maps (voir photo ci-dessous)
Méthodes inusitées en Europe
Majak et Seversk utilisent des processus de stockage «non existants sur les sites de production européens», reconnaît toutefois Axpo. Ces processus n’entraînent cependant pas d’altérations et ils respectent les prescriptions russes un tantinet plus restrictive qu'en Europe.
Ainsi, selon Axpo, des déchets légèrement et moyennement actifs sont entreposés à Majak dans de grands bassins à ciel ouvert. Ceux- ci sont strictement séparés des eaux ou égouts publics. A Seversk, les solutions légèrement ou moyennement actives sont injectées dans des strates de gravier, elles-mêmes emprisonnées dans des couches d’argile situées en-dessous de la nappe phréatique.
Greenpeace se montre étonné qu’Axpo continue de se faire livrer de l’uranium de Seversk. Injecter des déchets radioactifs dans le sol «n’est envisageable dans aucun pays d’Europe», mais manifestement autorisé par le droit russe, réagit l’organisation dans un communiqué. Greenpeace critique la contradiction frappante entre les livraisons de Seversk et Axpo, qui aime vanter ses efforts en matière de durabilité.
La Suisse exportatrice de ses déchets
La Suisse est coutumière dans l'exportation de ses déchets nucléaires. Elle fait partie du top 3 mondial des nations qui ont déversé en haute mer des futs contenant les rejets de ses centrales.
Les coûts élevés d'un stockage semblent être tellement prohibitifs que l'exportation pourrait être la meilleure des opportunités pour les géants électriques suisses. La question des déchets devrait être apportée devant le Conseil Fédéral d'ici à quelques années.