Mühleberg: Le Réacteur Jumeau de Fukushima bientôt à l'arrêt
Une année après Fukushima, la justice Suisse ordonne aux Forces motrices bernoises (FMB) soit de mettre le Réacteur de Mühleberg en conformité soit de mettre les clés sous la porte. Ce réacteur est la copie conforme du Réacteur 1 de Fukushima.
Au vu des fissures dans le manteau du réacteur, des risques en cas de tremblement de terre et de l'absence de moyens de refroidissement indépendants de la rivière Aar, le Tribunal Administratif Fédéral (TAF) a ordonné l’arrêt de Mühleberg pour juin 2013. Les réparassions pourraient dépasser les 100 millions de francs suisses.
La Stratégie des Forces Motrices Bernoises
Les producteurs d'électricité n'ont pas la réputation d'innovation et de modernité. Bien au contraire, les dirigeants de ces entreprises pourraient aisément figurer en bonne position dans Jurassic Park. Avec la fermeture du Réacteur qui représente le 30% de son chiffre d'affaires, les FMB vont devoir faire une métamorphose bienfaitrice et cesser de combattre les énergies renouvelables. Paradoxalement ces dernières pourraient bien sauver l'entreprise.
Les FMB n'ont pas annoncé s'ils allaient recourir contre la décision au Tribunal Fédéral. Il est à parier que le "lobby du nucléaire" et "Economie Suisse" vont annoncer la perte de millions d'emplois la mort de la compétitivité Suisse sur le marché international si le Réacteur devait réellement s'arrêter.
Pour éviter que vous ne vous jetiez par la fenêtre d'ici là, il est bon de préciser que ce réacteur produit moins de 5% de l'électricité consommée en Helvétie et la Suisse exporte 15% de son électricité. Donc à part le million d'emplois perdus d'Economie Suisse, cette décision n'aura aucun impact sur la vie des petits suisses.
l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire IFSN sur le grill
Ce n'est un secret pour personne, mais l'Institut Nucléaire Suisse puise ses dirigeants dans le sérail atomique et anciens directeurs de Centrales. Il en va de même pour les autres pays nucléaires et la catastrophe de Fukushima avait souligné l'importance de la fraude et de la collusion d'intérêt entre les propriétaires de centrales et des autorités de surveillance. Après que l'IFSN eut passé tous les signaux au vert, tout cru patate cru, c'est une terrible gifle que le Tribunal Administratif Fédéral a infligé aux clowns de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire.
Le journal le Blick résume assez bien la situation: «Ce qui est alarmant, c’est qu’il faille un tribunal pour tirer le frein d’urgence à Mühleberg. Le fait est que la majorité du monde politique est sous l’influence et sous la pression du lobby atomique et de ses experts et que les intérêts économiques pèsent plus lourd que la sécurité de la population. C’est cynique et après Fukushima, nous savons comment cela peut finir». Heureusement pour le nucléaire que le secret bancaire est encore valable pour les hommes politiques Suisses.
L'Innovation en vedette
Il ne fait aucun doute que ce gros coup de semonce va modifier le calendrier de sortie du nucléaire que la Suisse s’était fixé. La prochaine centrale dans le viseur et le Réacteur de Beznau, la plus ancienne centrale en activité du monde. Du coup, la décision d’arrêter progressivement les centrales entre 2019 et 2034 risque de ne plus tenir.
Peut-être que les Suisses pourront à nouveau utiliser leur capacité d'innovation pour affronter ce défi qui est à leur hauteur, comme le disait Harnod Schwarzenegger mercredi soir à Genève devant des milliers de fans (R2).