Centrale Nucléaire de Mühleberg: Prolongation contre l'avis de la population
Malgré les larges fissures constatées dans le cœur du réacteur et le refus de la population, la centrale nucléaire de Mühleberg, Suisse a obtenu une autorisation d'exploiter de durée indéterminée. Sur conseil de l'ISFN, le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) a répondu favorablement à la demande de BKW FMB Energie SA de lever la limitation dans le temps de l’exploitation de cette centrale.
Les Vaudois, Fribourgeois et Neuchâtelois désavoués
La nouvelle ne devrait pas plaire aux Vaudois, qui ont dit non le 29 novembre 2009 à 64,4% au prolongement illimité de l'exploitation de la centrale de Mühleberg.
Avec Vaud, deux autres cantons, Fribourg et Neuchâtel, ainsi que la ville de Berne, s’étaient également prononcés contre la prolongation illimitée de l'exploitation de Mühleberg. Seuls les cantons de Soleure et Berne s'y étaient montrés favorables.
Des Fissures de 3,5 mètres
Au cœur de la controverse, la jupe du cœur du réacteur présente des fissures conséquentes. L'acier du manteau du réacteur comporte des fissures de plus de 3,5 mètres de long. Suite à un défaut identique dans des bâtiments de conception similaire, les centrales de Würgassen, Allemagne et l'unité 1 de la centrale de Millstone, États-Unis avaient été démantelées.
Il est également à noter qu’aucune image des fissures n’ait jamais été montrée au public afin que la population se fasse une véritable idée des dégâts du réacteur.
L'influence de L'Institut Paul Scherrer
Les membres du Comité de Surveillance l'IFSN, qui a rendu un préavis favorable, proviennent majoritairement du monde du nucléaire ou comme le Directeur de l'IFSN, le Dr. Ulrich Schmocker, de l'Institut de la promotion du nucléaire Paul Scherrer.
Des Avis très partagés
L’exploitant de Mühleberg, les Forces motrices bernoises (FMB), qui avait requis l’autorisation illimitée en 2005, salue la décision du DETEC, estimant que «l’autorisation limitée était uniquement dictée par des motifs politiques».
«S’appuyer sur des considérations juridiques est lamentable», dénonce le conseiller national vert vaudois Christian Van Singer. «Le Conseil fédéral tient davantage compte des intérêts financiers de l’exploitation que de la sécurité de la population. Une sécurité sujette à caution au vu des fissures de la centrale de Mühleberg, de l’homogénéité de la cuve ou de la corrosion de certains tuyaux» a-t-il confié au journal Le Temps.
«On va ainsi laisser le lobby nucléaire investir dans cette vieille centrale fissurée, alors que cet argent pourrait financer les énergies renouvelables».
M.Singer demande «une expertise neutre, car l’Inspection fédérale est acquise au lobby nucléaire et ne donne pas confiance».
Isabelle Chevalley, Présidente d'Ecologie Libérale, ne décolère pas. «Le peuple pense qu’on prend des risques avec cette vieille centrale. Le Conseil fédéral s’assied dessus. Que va-t-on dire le jour où il y aura un pépin sérieux?»
La campagne de publicité la plus cher du canton
Pour convaincre les vaudois, le lobby du Nucléaire Suisse et les Forces Motrices Bernoises s’étaient lancé dans une extravagante campagne de publicité, la plus chère de l’histoire du canton de Vaud, avec un budget de plus de 300'000 Euros pour un échec des plus cuisants.
Les arguments de pénurie d’électricité, du CO2 et la perte d’emplois avaient été privilégiés bien que la centrale n'occupe que 300 employés.
Communiqué de Presse du DETEC: Cliquer ici
Vidéo: Annonce de la Télévision Suisse Romande
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