La Slovénie minimise l'incident intervenu dans sa centrale nucléaire
SLOVENIE. Les autorités slovènes ont été mises en causes pour des «cafouillages» dans leur système d'alerte nucléaire. Elles ont insisté jeudi sur le caractère mineur de l'incident signalé la veille dans leur unique centrale atomique Krsko, à l'origine d'une alerte européenne.
«Il n'y a pas eu d'accident, seulement une fuite mineure» de liquide dans le système primaire de refroidissement, a souligné le ministre slovène de l'environnement, Janez Podobnik, son arrivée jeudi , Luxembourg pour participer à une réunion avec ses collègues de l'Union européenne.
Néanmoins, il a reconnu que l'agence de sûreté nucléaire de son pays avait dans un premier temps signalé par erreur l'incident comme un «test» et non comme une panne réelle.
«L'agence de sûreté nucléaire a déjà présenté ses excuses. Elle a utilisé le mauvais formulaire, un formulaire pour les tests. C'était une erreur, une authentique erreur humaine», a-t-il déclaré. Mais «l'erreur a été détectée en quelques minutes, et le bon formulaire a ensuite été envoyé immédiatement», a-t-il ajouté.
«La situation est entièrement sous contrôle et il n'y a aucun impact pour l'environnement ou la population», a réaffirmé M. Podobnik. La direction du site, 120 kilomètres l'est de Ljubljana, a par ailleurs indiqué jeudi que les travaux de réparation du réacteur, mis à l'arrêt mercredi soir à la suite de l'incident, pourraient démarrer dès vendredi.
Reprise mardi prochain
«Le réacteur est en phase de refroidissement et les réparations démarreront demain (vendredi)», a indiqué jeudi la presse le directeur de cette centrale exploitée conjointement par la Slovénie et la Croatie, Stane Rozman. La direction de la centrale envisage une reprise des activités dès mardi prochain.
Un porte-parole de l'Agence slovène de sécurité nucléaire (SNSA), Andrej Stritar, a affirmé que l'incident, qui a conduit à l'arrêt progressif de la centrale, relevait du niveau de danger le plus bas sur une échelle de quatre stades.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne, a indiqué qu'elle "suivait l'évolution de la situation" après avoir été alertée mercredi de l'incident par Ljubljana. Aucune augmentation de la radioactivité n'a été détectée par les pays voisins.
La qualité des informations fournies dans un premier temps par la Slovénie et l'ampleur de l'alerte déclenchée par Bruxelles ont cependant suscité des interrogations de plusieurs pays, notamment l'Allemagne et l'Autriche.
Ministres européens divisés
Le ministre autrichien de l'environnement Josef Prall, dont le pays jouxte la Slovénie a dénoncé un «cafouillage d'informations» à l'occasion de la réunion des 27 à Luxembourg. Le ministre allemand Sigmar Gabriel a estimé que la question allait se poser de savoir «pourquoi ils ont fait ça».
Plusieurs autres ministres ont minimisé l'incident et, face aux critiques de certains experts, qui se demandent pourquoi la Slovénie a tiré la sonnette d'alarme pour un incident banal, ont estimé qu'il valait mieux trop de sécurité que pas assez.
La panne avait provoqué le déclenchement du système d'alerte européen sur les risques radioactifs ECURIE mis en place après la catastrophe de Tchernobyl en 1986. La Commission européenne, pour qui l'incident est jugé mineur, s'est félicitée du bon fonctionnement d'ECURIE.
Construite par le consortium américano-japonais Westinghouse et reliée au réseau en 1983, la centrale produit 20 % de l'électricité consommée en Slovénie et 15 % de celle utilisée en Croatie.