Gaz: Nord Stream inaugure son premier gazoduc
La cérémonie d'inauguration du gazoduc sous-marin Nord Stream qui transportera du gaz russe dans 26 millions de foyers européens via la Baltique et en évitant l'Ukraine s'est tenue mardi dans la ville allemande de Lubmin. Grâce à ce gazoduc, la Russie renforce sa pression énergétique sur l'Europe et l'Allemagne trouve l'énergie nécessaire à sa croissance industrielle.
Le président russe Dmitri Medvedev, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre néerlandais Mark Rutte et le premier ministre français François Fillon représentaient fièrement leurs actionnaires dont le russe Gazprom (51% du capital), les allemands Wintershall Holding et E.ON Ruhrgas (15,5% chacun), le français GDF Suez (9%) et le néerlandais Gasunie (9%).
Le gaz russe arrive à point nommé pour l'Allemagne, pays le plus impliqué dans le projet, qui compte sur la production d'électricité au gaz pour prendre le relais de ses centrales nucléaires, vouées à s'éteindre d'ici 2022. Ce gazoduc est une victoire pour l'économie Allemande qui reçoit en ligne direct, sans passer par la Turquie, l'Ukraine, ou l'Italie, le gaz dont elle a besoin.
L'Europe renforce sa dépendance face à la Russie
Sans rire, le futur premier ministre russe Dmitri Medvedev a souligné que "le lancement du gazoduc Nord Stream renforcera la sécurité énergétique en Europe".
"Il s'agit d'un événement attendu depuis longtemps qui marque le renforcement de relations entre la Russie et l'UE." Cet événement marque surtout la dépendance de l'Europe face au réservoir énergétique que représente la Russie.
Vladimir Poutine, l'un des plus grand actionnaire financier de Gazprom, n'était pas présent à la cérémonie. (lire aussi Vladimir Poutine: une fortune de 40 milliards $)
La Russie: une stratégie et une diplomatie énergétique
Pour tous ceux qui doutent des intentions véritables de la Russie et la dépendance dans laquelle se trouve l'Europe, les premiers bras de fer ont débuté bien avant l'inauguration de ce jour.
Le groupe allemand EON, (15,5% dans Nord Stream), est ainsi engagé dans un bras de fer juridique avec le géant gazier russe, dont il conteste les tarifs trop élevés. EON, et il n'est pas le seul, reproche à Gazprom de maintenir coûte que coûte une indexation artificielle du prix de son gaz sur le cours du pétrole. Cette stratégie est le nouveau cheval de bataille de Vladimir Poutine. (lire Poutine annonce la fin du Gaz Naturel bon Marché)
Gérard Mestrallet, patron de GDF Suez a lui aussi reconnu que ce système réduisait la compétitivité du gaz russe, et a indiqué mener des discussions constructives à ce sujet.
Gazprom est aussi dans le viseur de la Commission européenne, qui a perquisitionné fin septembre ses filiales en Europe car elle le soupçonne de violer les règles de la concurrence.
Bruxelles et Moscou s'opposent par ailleurs sur la question des réseaux de transport d'énergie, que l'UE voudrait plus indépendants des entreprises productrices.
Le gazoduc Nord Stream en Chiffres
Le gazoduc Nord Stream relie la ville russe de Vyborg à la ville allemande de Greifswald. L'itinéraire de Nord Stream passe par les eaux territoriales et les zones économiques exclusives du Danemark, de la Suède, de la Finlande, de la Russie et de l'Allemagne. Il évite soigneusement l'Ukraine et ses revendications sur le passage du gaz européen sur son territoire.
Le système comprendra deux pipelines d'une longueur de 1'220 km, d'une capacité annuelle de 27,5 milliards de m³ de gaz chacun et produisant plus de 60 milliards de kg de CO2.
La deuxième canalisation entrera en service en 2012. En juillet 2011, le premier ministre russe Vladimir Poutine avait déclaré que la Russie pourrait construire la troisième conduite de Nord Stream.