L’Allemagne entre en crise énergétique. Les autres pays suivent

Pendant que les politiciens et les citoyens Suisses et Français n’ont pas encore la tête à l’hiver, du côté de Berlin, c’est un autre son de cloche. Dès cette semaine, les livraisons de gaz russe vont tomber à zéro. En tant que fournisseur officiel d’énergie au niveau mondial, Moscou prend des mesures pour couper les livraisons d'hydrocarbures aux pays qui lui ont infligé des sanctions.

Tant Bruxelles que Berlin se heurtent de plein fouet face à la RealPolitik des décisions prises dans le conflit Ukrainien. Ainsi, la Russie annonce que le gazoduc Nord Stream 1 sera en «maintenance» dès cette semaine pour une durée de 10 jours.

 

Le Gazoduc Nord Stream 1 à l’arrêt

Cela devrait réduire encore plus les livraisons de gaz vers l’Europe et passer de 40% actuellement, à zéro.

Il se susurre que Poutine pourrait utiliser les réparations du gazoduc Nord Stream 1 comme excuse afin de couper définitivement l’approvisionnement en gaz en représaille aux sanctions imposées par l’Europe et l’Allemagne. La situation est à suivre de très près.

En fin de semaine, les prix de l’électricité ont bondi à plus de € 40 ct le kWh pour le mois de décembre et le prix pourrait dépasser les $1 dès janvier.

Dans un tel scénario d’un arrêt de Nord Stream 1, l’Allemagne, l’Italie et la France seraient dans l’impossibilité de remplir leurs installations de stockage de gaz à hauteur des 90% visés et donc de faire face à des coupures. La pénurie affecterait également le transfert de gaz vers l’Autriche, la République tchèque et la Suisse.

 

La Realpolitik du Pétrole

Du côté du pétrole, Moscou a fait part de sa volonté de prendre des mesures susceptibles de perturber l’approvisionnement pour les pays qui sanctionnent la Russie. La semaine passée, un tribunal russe a ordonné l’arrêt pour 30 jours des exportations de pétrole via la mer Noire, qui est une voie d’accès clé pour les exportations pétrolières du Kazakhstan.

Du côté de la Libye, le général Khalifa Haftar, qui bénéficie du soutien de la Russie et de l’Égypte, a également intensifié une campagne militaire, qui perturbe les exportations de pétrole et de gaz. La Libye semble retourner vers une guerre civile. Les exportations de pétrole ont chuté.

L’Arabie Saoudite ne va pas augmenter ses extractions même avec la visite prévue de Joe Biden. Il semble que le royaume ait atteint son pic de production et ne veut pas mettre en péril l’union avec la Russie dans le consortium OPEP+ (+ signifie la présence de la Russie)

 

Uniper : le géant allemand une menace à la Lehman Brothers

Le plus grand énergéticien du pays, Uniper, a officiellement demandé un plan de sauvetage financier à Berlin.

Le plus gros acheteur européen de gaz russe perd des dizaines de millions d’euros par jour en raison de l’augmentation des prix du gaz russe. Uniper avait accepté d’acheter du gaz avec des Roubles.

Le PDG d’Uniper, Klaus-Dieter Maubach, pense “qu’il ne peut pas tolérer la situation actuelle longtemps et qu’il pourrait être obligé de commencer à puiser du gaz dans ses installations de stockage dès la semaine prochaine, ce qui réduirait encore les réserves nécessaires pour l’hiver prochain.” Pour commencer, il demande une aide de €9 milliards pour éviter la faillite.

L’entreprise de Klaus-Dieter Maubach exploite une capacité de production de 33 GW, ce qui la place parmi les plus grands producteurs d’électricité au monde. Son propriétaire majoritaire est devenu le finlandais Fortum, à 80%.

Le ministre allemand de l’économie, le vert Robert Habeck, a déclaré que son gouvernement “travaillait d’arrache-pied” pour aider Uniper. Il s’agit d’éviter la faillite du plus grand énergéticien et sa chute pourrait ressembler à Lehman-Brother.

 

Les erreurs de la Doctrine Européenne

Bruxelles prône une doctrine de démantèlement du système énergétique européen pour le mettre en main d’entreprises privées. Il est donc nécessaire de casser les monopoles comme les EDF et autres énergéticiens.

En 2016, le géant énergétique allemand E.ON avait dû se scinder en deux partie, dont Uniper, une partie fossile et nucléaire financièrement risquée ainsi qu’une partie financièrement juteuses avec les renouvelables et la distribution d’électricité.

Bruxelles pense qu’en mettant dans les mains privées, la gestion des énergies, la libre concurrence devrait permettre les prix les plus bas. Dans la réalité, il n’en est rien et cette doctrine a conduit dans l’impasse actuelle.

 

Angleterre : fief de la libéralisation du marché de l’énergie

Fleuron de la libéralisation du marché voulue par Bruxelles, l’Angleterre se trouve dans une situation critique.

Pour un ménage anglais, les prix du gaz et de l’électricité poussent la facture annuelle à €4’015 contre €1’417 en 2019 selon Cornwall Insight.

L’Angleterre importe qu’une infime partie de gaz de la Russie, mais comme les prix s’adaptent au marché, la facture grimpe.

Alors que la promesse d’une énergie meilleure marché, la main invisible du business n’a fait que de consolider les cartels d’entreprises privées et la gabegie est d’autant plus grande. Londres a offert pour €18 milliards d’aide et de subsides à 8 millions de foyers. Là aussi, la situation n’est pas durable dans le temps.

 

France

Le gouvernement Macron a activé des subsides à hauteur de €20 milliards, ce qui pousse EDF dans une situation financière impossible.

La dette d’EDF de €43 milliards devrait dépasser les 60 milliards. L’entreprise se voit dans la difficulté de trouver des financements sur le marché. Paris annonce la nationalisation d’EDF.

De son côté, Total enregistre des bénéfices records.

 

Allemagne

Berlin a franchi le mois dernier une étape cruciale vers le rationnement du gaz lorsque le ministre de l’économie, Robert Habeck, a activé la deuxième phase du plan d’urgence gaz du pays. “La situation sur le marché du gaz est tendue et nous ne pouvons malheureusement pas garantir qu’elle ne va pas s’aggraver. Nous devons être prêts à ce que la situation devienne critique”.

Selon le GdW, la guerre en Ukraine entraînera une hausse des prix de l’énergie pour les consommateurs comprise entre 71% et 200%, soit des coûts annuels supplémentaires de €1’000 à 2’700 pour un ménage d’une personne et jusqu’à €3’800 pour quatre personnes, par rapport aux niveaux de 2021.

Le gouvernement propose des mesures drastiques. Ainsi, il commence à y avoir un rationnement de l’eau chaude, le tamisage de l’éclairage public et la fermeture des piscines, alors que l’impact de la crise énergétique commence à se propager de l’industrie aux bureaux, aux centres de loisirs et aux foyers.

“La situation est plus que dramatique.” Ca c’est Axel Gedaschko, chef de la fédération des entreprises de logement allemandes qui l’annonce. “La paix sociale de l’Allemagne est en grand danger” selon lui.

Quand débutera la contagion dans les autres pays?

 

 

 

 

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