Petroplus: Victime de la surproduction européenne

Alors que l’essence atteint des plafonds, le secteur du raffinage européen est en pleine crise de surproduction. Son plus grand raffineur pétrolier indépendant, le Suisse Petroplus semble en être la prochaine victime.  

A la recherche d’1 milliard $, le groupe Zougois va fermer temporairement ses 3 raffineries déficitaires: Cressier, Suisse, Anvers, Belgique et Petit-Couronne en France. L’avenir des raffineurs européens semble assez morose face à la concurrence du Moyen-Orient et de l’Asie.

Petroplus va poursuivre ses négociations avec son consortium de 13 banques afin de débloquer des liquidités pour Petroplus, qui s'est vu refuser un crédit de 1 milliard de dollars par ce consortium de 13 banques internationales. La ligne de crédit en question s’avère indispensable à la poursuite des opérations, Petroplus commençant à manquer de pétrole brut. Les sites de Coryton, au Royaume-Uni, et d’Ingolstadt, en Allemagne, restent pour l’heure en activité.

Cependant, les banques et les instituts financiers sont déjà assez dans la mouise pour vouloir supporter des coquilles vides. Il est improbable que Petroplus trouvera le milliard nécessaire.

 

La situation peut sembler paradoxale

car les carburants atteignent les sommets alors que les raffineurs sont au plus mal. 
Les prix du pétrole sont sur la barre des 100$ depuis des mois mais les marges de raffinage restent faibles. En 2011, elles devraient s'élever à 14 euros la tonne, soit  la marge la plus basse depuis 2003.

Le raffinage souffre de surcapacités de production chroniques en Europe. Selon BP, en 2010, les capacités de traitement de l'Union européenne s'élevaient à 15,3 millions de barils par jour pour une consommation de 13,9 millions de barils. 

Mal adaptées, les raffineries du Vieux Continent produisent trop d'essence et pas assez de Diesel (Gazole pour les français). D’ailleurs le monde est en pénurie de Diesel après la catastrophe de Fukushima et les sécheresses chinoises.

Traditionnellement les raffineries exportaient leur surplus d'essence aux USA jusqu'à ce que la crise de 2008 ne leur ferme le marché. Depuis, sur les 98 raffineries, 9 sites ont mis la clef sous la porte en Europe, dont 3 en France : la raffinerie Total de Dunkerque, celle de Petroplus à Reichstett et celle de LyondellBasel. En Europe, Petroplus exploite encore cinq sites, rachetés à partir de 2006 à des acteurs comme Shell et BP.

Les Raffineries d’Asie et du Moyen Orient changent de Paradigm

Les surcapacités de raffinage ne sont pas près de se tarir en Europe. Les producteurs de pétrole du Moyen-Orient ont décidé de raffiner leur pétrole par eux-mêmes. Ainsi l'Asie et le Moyen-Orient surinvestissent afin de répondre à des besoins croissants en carburant pour les transports et la production d’électricité. 

D'ici à 2016, les capacités mondiales de raffinage vont augmenter de 8,7 millions de barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), pour une croissance de la demande évaluée à seulement 6,7 millions de barils-jour.

Plus grandes et plus compétitives, les raffineries construites au Moyen-Orient enverront une partie de leur production en Europe, ce qui enfoncera encore plus le clou.

Pétroplus : 2'500 emplois et 5 raffineries

L’entreprise exploite les raffineries de Petit-Couronne (France), Cressier (Suisse), Anvers (Belgique), Ingolstadt (Allemagne) et Coryton (Grande-Bretagne).
En janvier, seules les raffineries d'Ingolstadt et de Coryton resteront en production. A la différence des grandes compagnies comme Shell, Exxon ou Total, présentes sur toute la chaîne pétrolière Pétroplus n’est active que dans le raffinage de l’or noir. Elle produit 667’000 barils par jour.

L'entreprise est dans une situation qui peut être résumée en 3 points:
- Premier point, Petroplus achète ses barils avec un crédit à très court terme. L'arrêt de ce prêt l'empêche d'acheter le brut pour poursuivre son activité.

- Deuxième point, son bilan financier regorge d'obligations pourries, avec des taux d'intérêt élevés. Cela rend difficile une restructuration financière d’autant que les clowns inutiles de Standard & Poor’s ont modifiés le rating de B+ à B.

- Troisième point, le secteur du raffinage connaît une crise de grande ampleur. Tous les grands groupes comme Total, Shell, Exxon perdent de l'argent dans ce domaine. Les raffineurs doivent acheter le pétrole de plus en plus cher alors qu'ils ne peuvent pas répercuter toute la hausse sur les carburants. Surtout, les usines nécessitent des investissements réguliers qui sont de plus en plus difficiles à financer. À la différence de Petroplus, les grands groupes pétroliers peuvent compenser avec leurs autres activités comme l'exploration-production de pétrole. 

Des Emplois menacés

L’emploi est menacé pour 120 des 550 les salariés de son usine française de Petit Couronne, France. Le site crée les lourdes pertes d'exploitation depuis 2009.  La situation est identique pour les 260 employés de la raffinerie Suisse de Cressier. Le site montre une ardoise de 10 millions de francs suisses. A Anvers, Belgique, les 200 employés craignent également pour leur poste.

Si les raffineurs du Vieux Continents ne se réinventent pas, il est fort à parier que d'autres vont suivre.

 

 

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